(Tribune) Etudiant, politise-toi !

(Nous rappelons que les opinions de nos contributeurs n’engagent qu’eux et ne lient en aucun cas la rédaction de la Pravd’Assas, ndlr)


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Par Haroon MALIK, étudiant en deuxième année du Collège de Droit de l’université Paris II Panthéon-Assas et ancien élève de SciencesPo. Paris.


« Tout n’est pas politique, mais la politique s’intéresse à tout ». Jadis, Aristote ou Machiavel considéraient la politique comme l’essence et la raison d’être de l’homme. Désormais, les citoyens, à quelques exceptions près, voient en la politique une réunion de malfrats, de malhonnêtes et de corrompus. Aujourd’hui, les jeunes, plus que quiconque, sont les premiers à se désintéresser de la politique, désabusés par les politiques ou ayant l’esprit ailleurs. Et aujourd’hui, les jeunes sont les premières victimes des échecs des politiques publiques ; ils sont, par exemple, plus de 25% à être au chômage dans un pays qui est pourtant la sixième puissance économique mondiale.

La plupart des jeunes vivent dans un monde parallèle, fait de fêtes, de soirées et d’insouciance. Ils considèrent que ce qui se dit autour d’eux et ce qui se passe autour d’eux ne les concernent pas. Et les jeunes ne sont évidemment pas les seuls dans cet état d’esprit. Evidemment, l’engagement associatif ou politique n’empêche pas de « profiter » de la vie, de son jeune âge, de ses amis. L’engagement c’est en fait l’accomplissement de l’homme. Quelle différence sinon y aurait-il entre un homme et un animal ? D’ailleurs, c’est à cela que Pascal faisait référence avec son « roseau pensant ».

Tu penses que cela ne te regarde pas, que cela ne te concerne pas. Tu penses que tu as bien d’autres choses à faire à vingt ans que de t’investir au sein d’une association, suivre les délibérations du Conseil municipal, lire la presse tous les jours ou distribuer des tracts sur le marché un samedi matin.

Dans toute société d’hommes, il y a deux catégories d’individus : ceux qui subissent et prétendent ne pas subir et ceux qui s’engagent en devenant les acteurs de leur destin. De la TVA dont on s’acquitte en payant sa pinte lors d’une soirée, au feu rouge que l’on ose griller, en passant par les obligations auxquelles sont soumis les fabricants de sous-vêtements, la politique est en fait partout. On reproche aux hommes politiques d’être corrompus, pourris, ou encore malhonnêtes. Mais quelle légitimité a le citoyen pour critiquer les élus, alors que lui-même préfère faire la fête le dimanche plutôt que d’aller faire la queue pour mettre un bout de papier dans une urne. S’il avait seulement conscience du prix de ce bout de papier…

Mais n’est-ce pas le désintérêt des jeunes qui conduit à ce qu’ils soient représentés par des élus qu’ils exècrent ? Alors que ce sont eux, ces jeunes, les acteurs du monde présent et du monde futur, et ils laissent pourtant aux autres le soin de décider de leur destin.

On peut être passionné par la politique pour d’autres raisons que le désir du pouvoir, de l’argent ou la satisfaction de ses intérêts personnels. On peut faire de la politique au sens noble du terme, pour servir les autres, servir son idéal, servir ses convictions, servir sa commune, servir son pays.

Jeune assassien, tu es l’avenir de ce pays, soit le rayon qui illuminera le monde de demain. Ne te laisse pas désabuser par ces marchands de sommeil ou ces donneurs de leçons qui défilent matin, midi et soir à la télévision. Ne baisse pas les bras devant la haine des barbares qui veulent anéantir l’idéal auquel, en secret, sans forcément en avoir conscience, tu tiens: la liberté, l’égalité et la fraternité. Ne baisse pas les bras devant la lourdeur de la tâche et pense à ces milliers de jeunes, à l’image de Guy Mocquet, qui avaient à peine 16, 17, ou 20 ans lorsqu’ils furent exécutés par les nazis ou Vichy. Ils avaient aussi d’autres rêves, d’autres projets. Ils avaient la vie devant eux. Mais ils préférèrent la mort plutôt que de courber l’échine devant l’abominable entreprise hitlérienne. Et ils prirent conscience que les idéaux ne s’inscrivent pas simplement sur les frontons des mairies, mais qu’ils s’incarnent et qu’il faut constamment lutter pour les sauvegarder.

Ne te désintéresse pas du monde qui t’entoure. Engage-toi. Engage-toi pour des causes nobles, engage-toi au sein d’associations, engage-toi pour ta commune et pour ton pays. Clame haut et fort le type de monde dans lequel tu veux vivre et que tu veux laisser à tes enfants, prends ton destin en mains et brise les chaînes de l’indifférence, du désintérêt et, en fait, de la soumission.

Stephan Hessel a écrit, quelques mois avant de disparaître: « 93 ans. La fin n’est plus bien loin. Quelle chance de pouvoir en profiter pour rappeler ce qui a servi de socle à mon engagement politique : le programme élaboré il y a soixante-six ans par le Conseil National de la Résistance ! ». Quel héritage laisserons-nous, jeunes d’aujourd’hui, aux Français de demain ?


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