(Nous rappelons que les opinions de nos contributeurs n’engagent qu’eux et ne lient en aucun cas la rédaction de la Pravd’Assas. Ceux-ci sont libres de rester anonymes s’ils le souhaitent, ndlr)
John Galt
Fils d’une idée née d’un mélange de liberté, de talent et d’esprit, je suis ceux qui décident d’être moi.
En me dissimulant derrière le masque de John Galt, je propose aujourd’hui quelques lignes de réflexion et d’observations quant à la politique envisagée par notre belle faculté au lendemain des tragiques événements du 13 novembre.
« On n’a pas peur » scandait en cœur la foule épaisse qui s’est réunie à Paris en réponse aux attentats du 13 novembre. Pas peur mais un besoin immense d’être rassurée. Parfois même, et non sans une certaine ironie, d’être rassurée au détriment de sa sécurité. Avant l’enquête en terres assassiennes, il convient de rappeler les mesures « d’urgence » qui sont actuellement appliquées.
Des mesures d’urgence pour apaiser les masses
Écartons d’abord tout changement qui pourrait être lié à l’État d’urgence décrété le 14 novembre 2015 puis étendu arbitrairement à compter du 26 novembre pour trois mois, ses conséquences ne concernant que faiblement le milieu universitaire.
Écartons ensuite le plan Blanc – base du plan Orsan – ainsi que le plan Rouge Alpha, qui n’est pas Vigipirate malgré la confusion régulièrement constatée, qui ne sont que des dispositifs de secours et de soin.
Penchons-nous cependant sur ce qui importe vraiment dans le système universitaire et les lieux apparentés : le Plan Vigipirate. Il en existe deux niveaux depuis la réforme du 20 février 2014 : le niveau Vigilance et le niveau Alerte Attentat. Soulignons néanmoins que depuis les attentats de janvier, l’Île de France n’a pas connu d’abaissement au niveau Vigilance. Ce qui signifie qu’un niveau d’alerte maximal, supposé être adapté aux périodes courtes, a été maintenu pour une durée de onze mois sur une région complète. Bien sûr, il paraissait inenvisageable d’inquiéter notre pauvre peuple en n’utilisant que des mesures adaptées au long terme.
D’une hypocrisie l’autre : l’application universitaire
Soyons honnêtes, les choses se gâtent. Les incohérences sont nombreuses, les torts partagés et conduisent inéluctablement à un résultat catastrophique. Je profite de ce début de partie pour saluer l’administration d’Assas qui ne verra derrière mes propos que provocation et irrévérence. Je vous vois.
Armé d’un petit carnet, j’ai visité les trois centres où la majorité des étudiants d’Assas ont cours (Panthéon, Vaugirard, rue d’Assas). Sachez premièrement que vous êtes parfaitement libres de faire sauter le centre de la rue de Vaugirard tant l’application du sacro-saint plan Vigipirate y est honteuse. Sans doute les étudiants de première année ont-ils moins de valeur que les autres.
Non sans amusement, j’ai franchi les portes du Centre Assas avec divers gabarits de sacs et divers taux de remplissages. La conclusion est divertissante : comme moi, soyez de mauvaise foi, n’oubliez pas que des agents de surveillance ne peuvent qu’inspecter visuellement vos effets personnels, la fouille leur étant proscrite. A quoi bon s’acharner à ouvrir nos sacs quand grenades, explosifs, armes de poing et autres réjouissances peuvent être dissimulées au fond d’un fourre-tout que nul ne peut fouiller dans notre Université ?
Antoine R., étudiant en troisième année à Assas n’est pas un poseur de bombes mais est assurément un poseur de questions. Alors qu’il a refusé de se soumettre à cette inspection visuelle, il a été de fait empêché de pénétrer dans l’enceinte du centre. Il m’a confié qu’il considérait ces contrôles comme inutiles mais que surtout, c’était une « violation totale de l’intimité de la personne » car lui seul est en droit de savoir ce qu’il transporte comme effets personnels. Le risque selon lui, c’est « l’esprit de soumission où l’on accepte qu’un inconnu puisse vous fouiller, vous contrôler » et ce au nom d’une sécurité totale qui n’existe pas. Alors que l’on intègre ce principe de contrôle, son inquiétude concerne les dispositions futures qui viendront assurément « grignoter notre vie privée » d’infimes mesures en infimes mesures.
Comment interagir alors que vous avez peur de l’autre ? Si peur que vous trouvez normal de vous faire fouiller. Si peur que vous trouvez normal d’installer des caméras de vidéosurveillance dans l’établissement. Les vols ont bon dos quand il s’agit de « sécurité », n’oubliez jamais qu’en matière de contrôle, les bonnes excuses se trouvent aisément.
Ce court billet n’a pas vocation à devenir un guide pour procéder à un attentat dans une université. N’appréciant guère la nature revancharde des apparatchiks de la nomenklatura sécuritaire assassienne, j’ai préféré donner une piste de réflexion plutôt que l’identité de celui qui l’a rédigée. Derrière cette réflexion, à la manière de matriochkas, se cachent tant d’autres incohérences sur la gestion des peurs dans les établissements publics.
Ne craignez pas d’être John Galt, Sam Lowry ou Winston Smith. Il n’est de crimepensée qu’en novlangue, sentez-vous libres de refuser les contrôles injustifiés, de braver l’autoproclamé état d’urgence pour fouler les pavés de la capitale, de tenir les propos qui vous conviennent et de vous opposer, toujours, à des privations de liberté renforçant le pouvoir d’un autre.
Vous n’avez rien à cacher. Ne montrez pas tout pour autant.
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