(Nous rappelons que les opinions de nos contributeurs n’engagent qu’eux et ne lient en aucun cas la rédaction de la Pravd’Assas, ndlr)
Jamais je n’ai voté pour le FN. Je n’en ai pas non plus le projet. Le ferai-je un jour ? Qui peut répondre non à cette question alors que ce parti se meut peu à peu et change dans la continuité ?
Dans cette tribune, je ne donnerai aucune piste pour battre ce parti que je ne sens pas. Tout simplement parce que je n’en ai trouvé aucune.
Dès Dimanche soir, que le FN soit ou non en tête des élections régionales, la plupart des « sages » de notre République appellerons à lui faire barrage. D’ailleurs, le déferlement d’articles et de réactions sur les réseaux sociaux montre bien la panique qui agite la majeure partie des adversaires du Front National. On se réjouira peut être, dans deux semaines, d’un score moindre à celui annoncé par les sondages, et de régions certaines de rester « républicaines » malgré la vague bleue marine. Evidemment on peut douter de mes pronostics d’étudiants mais la conjoncture me donnera sûrement raison.
En 2002, le Peuple était descendu dans la rue, l’élimination de M. Jospin avait plus choqué que le duel Chirac – Le Pen. En 2015, trois mandats présidentiels plus tard, on assiste au réel triomphe d’un parti que personne ne semble pouvoir stopper. Et ce pour plusieurs raisons.
Tout d’abord les arguments qui leur sont opposés : leur qualité est tellement périmée qu’on en vient à croire que les politiciens jouent la carte du « pire » (comprenez : eux contre le FN) pour se faire élire. Il n’y a aujourd’hui qu’à regarder M. Cambadélis pour comprendre pourquoi les coups ne font plus mouche : la diabolisation à outrance d’un parti dessert à long terme, les mots deviennent redondants, lassants, puis perdent de leur force. L’argument économique aussi : on l’aura entendu maintes fois, le FN n’a aucun programme économique, il ne tient pas la route.
C’est vrai. Mais quand on voit la situation de la France, les partis républicains sont-ils bien placés pour donner des leçons au clan Le Pen sur ce sujet qui n’intéresse qu’une poignée de français ?
Ensuite viennent les arguments godwins, ceux que l’on ressert à son contradicteur frontiste lorsqu’on est mis en porte-à-faux. Fascistes, racistes, antirépublicains, antisémites, programme d’un autre âge, je vous épargne la liste, vous la connaissez, peut-être la pensez vous. Il est vrai que la base du FN, de Calais à Marseille, tient dans la plupart des cas des propos considérés comme haineux contre les minorités qui composent notre Nation et que beaucoup de militants sont adeptes d’amalgames et de provocations inutiles et ridicules. Mais l’étudiant de 19 ans que je suis aura bien du mal, aujourd’hui, à entendre des propos véritablement racistes chez les cadres nationaux. Les dirigeants du FN ne le sont pas puisque l’animal politique n’a pas de sentiment à un si haut niveau, et chaque parole, chaque dérapage, est contrôlé. Surtout, chaque dérapage décrédibilise un peu plus leurs opposants qui caricaturent des propos déjà assez grossiers.
Prenons les deux derniers exemples en date afin d’illustrer mon propos.
Le premier, Marine Le Pen recadrant sa nièce sur le planning familial. Exultation dans les rangs de la gauche, le clan se déchire de nouveau ! Cependant si l’on regarde la sociologie de leur électorat, la phrase de MMLP est parfaitement calibrée ainsi que la réponse de sa très souriante tante. Le Sud vote FN avec ses retraités ultra-conservateurs qui se désolent à longueur de journée (tout en profitant avec leurs yeux) de ces jeunes femmes dévergondées qui iront sans aucun doute se faire avorter et n’ont plus aucune valeur.
Le Nord lui, voit en MLP une dirigeante responsable : elle ne se fait pas emporter par les mouvements internes de son parti. Ainsi, dans ce territoire socialement sinistré, les planning familiaux n’ont rien à craindre. Le FN fait sa pub, choque, est controversé, est au sein des débats, et ce gratuitement. Non pas pour son programme économique qu’il arrive à cacher avec ses tours de bras. D’ailleurs, de programme, il n’y en a aucun sinon celui que relayent les polémiques médiatiques.
Ensuite, second exemple, la prise de position de la Voix du Nord, puis du courrier Picard contre MLP. C’est la suite d’une longue série d’événements qui « donnent raison » au programme du FN. Il faut fermer les frontières ? C’est fait. Les immigrés sont des terroristes ? C’est doublement confirmé. UMPS ? M. Valls appelle à la fusion des deux listes. Les journalistes à la solde de l’Etat ? Je vous renvoie au début de mon paragraphe. On passera les propos de MM. Gattaz et Tapie qui, en tentant de faire peur à l’électorat tenté par le vote sanction, unissent les prolétaires autour de ce parti d’un populisme décomplexé.
Car la communication du FN est millimétrée et plus que jamais facile à organiser. En un demi-siècle, le parti n’a jamais eu de réelle rupture. Le père Le Pen a écrasé ses opposants, sa fille l’a écarté plus silencieusement qu’on ne pourrait le croire (le futur nous dira si les deux étaient de mèche sur leurs fins ) et les propositions économiques ont été changées sans que personne ne bronche chez leurs opposants, trop occupés à agiter devant l’électeur lambda leur sempiternel épouvantail du « parti non républicain ».
Entre coups de chance et incapacité de notre personnel politique pour expliquer son irruption dans nos potentiels choix de vote, doit-on se plaindre d’un parti qui s’assume et qui ne renie rien ? Doit-on vraiment les laisser arriver au pouvoir ? On nous avait vendu l’échec (avéré) de Toulon comme exemple la veille des municipales de 2014 mais on cherche la paille dans l’œil des maires bleu marine actuels sans réel succès, il faut bien l’avouer. Le FN aujourd’hui oblige notre personnel politique compétent à se bouger et à s’unir car ils savent que dans un tripartisme, leurs postes sont menacés.
Ils savent aussi que la démocratie est menacée, non pas par le FN cette fois-ci (du moins c’est mon humble avis), mais par elle-même car elle semble montrer de réelles carences. On peut pour une fois unanimement remercier le clan Le Pen de nous avoir prouvé les risques de « donner la parole au Peuple » qui se révèle toujours aussi peu instruit, même avec Bac+5, puisqu’au fond le Peuple n’est qu’une foule à intérêts aussi fluctuants que divers, et surtout que le Peuple a un cœur déraisonnable. Un français est intelligent, mais une fois happé par l’esprit de la foule, il se révèle désespérément incapable de réfléchir par lui-même.
On peut aussi remercier le FN d’avoir forcé les partis de gauche et du centre à reprendre un peu le thème du patriotisme, trop longtemps chasse-gardée d’un programme exacerbant nos valeurs, faisant se sentir gênés leurs militants qui, il y a peu, voyaient le drapeau comme un élément nationaliste.
Le FN, indirectement, peut donc servir à quelque chose et nos hommes d’Etat (s’il en reste) doivent reprendre la main et ne pas prôner à tout va leur progressisme électoraliste. Car là où le FN était un symptôme de l’abandon de certaines populations ouvrières, harkis, retraités, de certaines trahisons à la Nation avec l’abandon de la ferveur et la remise en cause de nos institutions, il se mue, peu à peu, en une solution. Sauf que le FN reste un parti politique comme les autres : il décevra, c’est naturel.
Quel futur pour le FN ? Un triomphe, l’éclatement de la bulle, la banalisation ? Tout est à prévoir. Quel que soit le vainqueur des élections, un seul nom apparaitra sur les bouches des médias : Le Pen. Et partout ce même sourire de femme patriote, blonde, forte et déterminée. Celle d’une femme, de son père, de son équipe, qui voit qu’aujourd’hui les français n’ont plus peur d’eux.
Mais pas pour les combattre.
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