Chronique de la rentrée d’une L1 ordinaire dans le dur monde de Paris II…
Mercredi 1er décembre, 08:22, j’ai réussi à m’endormir dans le métro mais debout, d’où mon retard. Evidemment, l’amphithéâtre est plein. Notre cher Monsieur Portelli ayant d’ors et déjà bien entamé le cours sur les institutions au Portugal, deux choix se présentent à moi : je peux bien prospecter dans l’espoir de glaner une place, auquel cas je dérangerai la moitié de l’amphithéâtre. Ou bien, en revoyant à la baisse mes prétentions, je vais croupir sur le sol du côté gauche mais sauve une partie de ma dignité. Evidemment, je choisis la seconde option. Une fois assise (place de choix, deuxième fenêtre en partant du fond, à côté de la poubelle) je me rappelle, aidée par ce cadre idyllique, de mon premier jour ; soit nos premiers jours puisque nous sommes partis pour nous rappeler les meilleurs moments de notre rentrée ou plus justement ô combien notre idée de la rentrée à la fac était éloignée de la réalité. Ce sera plus compliqué pour les redoublants, mais on vous aime.
Je me rends compte avec le recul que la rentrée c’est quand même le seul jour de l’année où les gens ont hésité à choisir leur place. Bien sûr, il y a toujours la fille qui a bien étudié le système « Derrière on n’entend pas ». Quoi t’es venue en éclaireuse pendant la nuit ? Ensuite tu peux toujours compter sur le type qui a capté que si tu voulais une prise c’était un savoureux mélange entre le regard de Roumy qui essaye de te convaincre que Dagobert est un prénom de choix pour ton « futur braillard » et la pecno d’à côté qui a besoin de place pour écrire et qui te lâche un « je suis gauchère ». Mais n’oublions pas les perfectionnistes qui se mettent au milieu du milieu. Ceux-là tu les reconnais, c’est forcément ceux qui n’ont pas saisi que la pause de 10 minutes n’était vraiment pas de 20 minutes.
La palme d’or revient néanmoins aux valeureux guerriers ayant osé tester la mezzanine. On vous aime les gars. Evidemment si l’on écarte la mensongère rumeur selon laquelle « c’est l’étage des glandeurs » j’accède volontiers à l’idée que oui, c’est du masochisme de tenter sa chance là-bas. Mais Bobby, si l’on écarte le fait qu’une voix divine s’adresse à toi pendant 50 minutes et que tu peux peut-être entendre 2 mots sur 3 si tu as un cornet acoustique, rendons-nous à l’évidence : tout ce que l’amphi du bas t’interdit, la mezzanine te l’offre. C’est le Disneyland d’Assas. Aussi je remercie les bouseux qui nous en ont privés. Remarquez, c’est sympa on se tient chaud tous ensemble dans le grand amphi. Adieu, l’ordi sur tes genoux, manger comme une malpropre sans avoir honte, aller aux toilettes en plein cours sans que tout l’amphi pense que tu vas leur refiler la peste, puis avoir la paix.
D’ailleurs ça me rappelle que la rentrée c’est aussi le moment où tu es souriant avec tout le monde. En effet, tu comprends que ces 7 premiers jours sont cruciaux, c’est le business des potes qui se met en place. Un gars à côté de toi engage la discussion, tu réponds volontiers (même si ces 5 minutes constituent un chapitre au moins pour notre cher Roumy). Tu joues ta réputation pour les 5 années à venir.
Là, c’est plus la même ambiance. Je vous avoue que quand une fille, sympa, qui visiblement peinait à prendre ses cours s’est retournée en me lâchant un chaleureux « tu pourrais la fermer s’il te plaît» pas plus tard qu’hier, je me suis dit, la rentrée est terminée. (PS : cuve bien ta haine cocotte, arrête de prendre des snaps de notre Star Hervé Lecuyer ou apprends à taper avec plus de deux doigts).
Enfin elle est bien gentille mais, si j’ai une question, je la pose à QUI ? Après un discours d’ouverture ô combien engageant auquel s’est ajouté un « N’hésitez pas à poser des questions, je m’efforcerai d’y répondre. », je pense que j’ai été la seule à y croire et peut être aussi une autre à qui j’adresse mes sincères condoléances suite au décès de sa dignité, envolée à cause d’un trop faible niveau sonore. Monte en décibel, ou tais-toi.
C’était quoi le mot d’avant ? Pas le temps de répondre c’est la course, tu remplaces république par réplique, tu remplaces Poutine par rustine et tout de suite ta phrase a moins de sens.
C’est alors que je réalise que je suis un des rares boulets qui n’a pas compris qu’un ordinateur serait très, très utile. Les personnes qui écrivent à la main forment une espèce en voie de disparition qui résiste à l’envahisseur. J’ai nommé la secte MacBook. Nous on note un mot sur mille mais « au moins je ressens ce que j’écris je sais pas comment t’expliquer ». Raison évidente pour laquelle j’ai opté pour un ordinateur dès le jour suivant.
J’essaye de copier sur mon collègue de devant qui bien sûr tape en police 8. Oui, le mec préfère avoir de la distance. Mais ça c’est rien comparé au paranoïaque ou plutôt au gros radin qui a mis une glace sans teint sur son écran. Véridique.
En fait le plus grand danger à la rentrée c’est la discussion : la trop forte utilisation des 2 essentiels : où et pourquoi. En effet, quand tu arrives à la fac, tu cherches à sociabiliser. Aussi les seuls mots qui te viennent pour entamer la discussion avec ton voisin sont d’abord le classique : « de quel lycée tu viens ». Evidemment si tu tombes sur le relou qui vient de la Creuse, oublie. Le cas échéant tu te rabats sur le classique mais efficace « pourquoi le droit ? », intervention tout de même périlleuse car risquant de se solder par un nonchalant : « Je sais pas ». En fait on ne va pas se mentir, on est tous un peu pareil. Moi-même j’ai joué au poker avec ma CPE et j’ai perdu. C’était soit ça soit la fac de langues.
La rentrée pour finir, c’est la découverte de beaucoup de choses certes. Mais très vite tu vas opérer un tri radical. J’en profiterai aussi pour proposer une minute de silence, même s’il doit l’avoir chaque jeudi vu qu’il n’y a personne, pour notre Redslob favori. C’est un véritable business man qui visiblement a de l’expérience dans le milieu (42 euros pour son livre c’est tout à fait raisonnable). Premier cours, tu arrives dans le grand amphithéâtre d’Assas avec la nette impression que tu vas rencontrer les Beatles. Mais à la place tu te trouves face à une version kitsch de Patrick Sébastien. Evidemment je force le trait entendons nous bien. Heureusement, second cour d’éco voire troisième pour les moins rapides d’entre nous, tu as déjà compris que la bibliothèque sera ta meilleure alliée du jeudi.
La bibliothèque de Vaugirard ou la seule bibliothèque de cet Etat (allez, soyons fous), où les documentalistes sont souriants, avenants et ne se prennent pas pour les dignes gardiens du musée du Louvres. C’est tellement paisible que c’est devenu notre spa universitaire : si tu y rentres tu ne troubles pas la paix intérieure de chacun. Aussi quand, naïve, j’ai demandé à mon voisin de me garder mes affaires le temps d’un café (tendre époque ou l’on pouvait sortir sans déménager) j’ai clairement eu l’impression de lui demander un rein. Pour un peu plus de ridicule je te conseille de t’adresser à quelqu’un qui porte des écouteurs, tu auras toutes tes chances pour que toute la bibliothèque se rende compte de ta gêne mais aussi du total désintérêt de ton voisin pour ta personne.
En réalité, la rentrée à Assas ça a aussi été une dose de rêve assez conséquente avec notamment la présentation des associations. Ca y est tu es un adulte, tu fais tes choix. On croyait entrer à Highschool musical (grande référence culturelle, ndlr) mais désillusion totale, il n’existe pas de série américaine pour décrire la vie universitaire à la française. Tu t’imagines déjà au sein d’un groupe uni, mais le jour de la présentation les mecs étaient à deux doigts de te payer pour que tu viennes, te soudoyant à coup de Pépitos, de blagues pas drôles, bref limite ils nous auraient porté notre sac quoi. Puis le rêve retombe aussi sec : tu découvres que tout le monde se connait depuis qu’ils sont nés, que tu seras le nouveau bébé de la bande et tout de suite tu revois tes prétentions.
Enfin pour ce qui est du sport, je ne t’en parle même pas. On se dit 2 points sur 1000 quand même c’est à noter. « Imagine il te manque 2 points pour avoir ton année ! » Te bile pas, il te manquera toujours plus de deux points. Evidemment qu’on s’est tous motivés pour faire un sport ayant un minimum de classe, par exemple : la boxe française. Mon passage à ce cours a été quasiment aussi éclair qu’en IJA. Evidemment, quand une rouquine, armée de son protège dent rose bonbon te conte ses péripéties lors de sa première année de Licence tout en te collant un franc et sec pain dans les seins, tu te dis que finalement fitness c’était pas si mal.
Que retenir de notre rentrée ? Evidemment, d’un rêve indécent de liberté, on se retrouve à bosser jusqu’à 19h à la bibliothèque. Mais on se fait des potes, on déconne bien en amphi, on prend café sur café. Alors si l’on écarte les légers désagréments qu’on retrouve en amphi ou pendant les TD, on vit des expériences nouvelles qui nous changent. Pour ne donner qu’une illustration, notre premier 5 en dissertation.
Pour clore ce déversage de fiel qui a brisé pour de bon nos rêves de rentrée, consolons-nous sur ce constat blue-flower : peace and law (pour les écos ça marche pas désolé).
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