A l’heure où l’aréopage bien-pensant, la doxa de la chasteté républicaine s’offusque de la victoire frontiste, Marine vous dit merci.
Comment s’offusquer de la victoire bleu marine, quand tout a concouru à ce qu’elle gagne. La gauche, la droite, les journalistes, les militants, les réseauteurs de Facebook, premiers à partager leur indignation face cette « percée historique », sont des responsables illégitimement outrés.
Cette tribune n’est pas là pour légitimer la victoire du FN, mais pour montrer qu’elle est la résultante logique de faits politiques.
Tout d’abord, il n’y pas de force d’opposition légitime pour faire face au FN.
Depuis 30 ans, le gouvernement signe et re-signe entre échec et désengagement dans la crise identitaire, morale, et avant tout économique. Cette même doxa offusquée admet bien volontiers que l’offre politique est médiocre, voire bien nulle. Depuis plusieurs mandats, la gauche comme la droite se succèdent et s’alignent, donnant raison à Marine et son UMPS : inefficacité face aux grands problèmes contemporains, un consensualisme sur les questions internationales et européennes, et une logique électoraliste politicienne. Le front républicain n’a plus une allure idéologique mais bien celle de la technocratie, prime à la chasse gardée.
Les propositions d’alternance d’un ancien président autant corrompu qu’incompétent, face aux tentatives de maintien essoufflés de celui dont nous avons tous honte, ne laissent comme seul parti politique encore vierge de pouvoir, le seul qui peut jouer la carte de la crédibilité, en déplaise : le Front National.
Comment réellement en vouloir à ceux qui votent FN après 30 ans d’échec ? Après 30 ans, ces mêmes acteurs de l’échec sont encore présents, reproposent la même soupe tiède réchauffée. Le problème de crédibilité est encore plus présent au PS, chez les Républicains qu’au FN.
Le plus dur peut-être : accepter que, le FN a une réelle force pour dresser des constats véritables, dont la classe politique se désengage. La liste est longue, très longue.
Sur une question centrale, celle de l’Europe, les deux forces politiques traditionnelles ont joué la politique de l’autruche face à la défiance française, face au référendum de 2005, devenu le viol de la conscience française. L’Europe, symbole de la perte de souveraineté, de la règle d’or Allemande, et de l’impossibilité de défendre des intérêts nationaux emporte la contestation. Comment expliquer à l’éleveur français qu’il devra vendre son porc à perte car l’Allemagne a le gracieux privilège des travailleurs détachés, lui permettant de casser les prix. Comment expliquer aux victimes du terrorisme actuelles et malheureusement, à venir, qu’on ne peut pas rétablir un contrôle aux frontières opérants, ce qui n’est toujours pas le cas, car Schengen nous en empêche. L’Europe est face à ses échecs, mais les forces pro-européenne refusent le combat d’idée, ce constat de l’échec, et donnent le monopole du discours européen à Marine Le Pen. A défaut d’avoir des débats sur comment améliorer, on a des débats sur pourquoi ça ne marche pas, et elle gagne.
Sur le débat de la citoyenneté et de la culture, plus largement, alors qu’est imposé le label libéral, Marine dresse un constat qui plait. On nous dit qu’être français c’est un peu ‘réac’, que français de souche est un gros mot. On nous dit qu’il faut être citoyen du monde ; qu’il faut être humaniste ; qu’il faut épouser ce courant, qui consiste à brader la culture et le passé, à effacer les frontières, et à enlever la conscience citoyenne. Ceci est le terreau sur lequel germe le FN. Les Najat ne comprennent pas pourquoi l’abandon du latin, la théorie du genre, la décadence du programme éducatif, le discours citoyen du monde est vécu par beaucoup comme la destruction d’une civilisation. Elles ne comprennent pas. Mais Marine surfe sur cette dynamique libérale, d’une classe politique désavouée par une « masse » en quête de sens et identité. Les réactionnaires ont alors le monopole de la parole culturelle et identitaire.
En ce qu’il s’agit de l’islam et des « territoires perdus », le gouvernement signe du sceau du négationnisme. On nous dit qu’il n’y a pas de problème avec une radicalisation de l’islam, ou un quelconque communautarisme qui ferait germer ce courant. Bien évidemment, on nous a bien répété « pas d’amalgame ». Cependant, si la grande majorité des musulmans est modérée, la
dissidence radicale n’est pas minoritaire. Et malheureusement, il n’y pas de débat sur ce phénomène. La gauche et la droite refusent de caractériser le problème car les terroristes « ne sont pas des musulmans » ; la communauté musulmane décline elle aussi le débat théologique en refusant la terminologie de « branche de l’islam » à ces radicaux. Marine Le Pen a, de façon surprenante, le monopole du discours politique sur l’islam. Qu’il soit fasciste, erroné, elle dirige le débat et est la seule à répondre au citoyen sur cette question. Sur les territoires perdus Hollande nous dit « qu’il n’y en a pas ». Il vient juste nous dire que le quotidien d’individus, vivant dans la peur et l’insécurité n’est pas une réalité. Il vient donner à Marine Le Pen le monopole du discours sécuritaire, quand Sarkozy n’a pas nettoyé les cités au karcher, et qu’un an après les attentats de Charlie Hebdo, au delà de la difficulté à agir, les gouvernants sont restés les bras ballants, à serrer la main aux saoudiens.
Enfin, les critiques traditionnelles faites à l’encontre du FN sont devenues stériles, inefficaces, servant à la victimisation du FN, et ajoutant au discrédit de ces pourfendeurs.
N’est-il pas incohérent de critiquer le programme économique du FN en ce qu’il ne serait pas réaliste quand ceux proposés par la gauche et la droite sont les mêmes depuis 30 ans ; ces mêmes programmes qui maintiennent une situation de crise perdurable. Encore plus incohérent de dire que la plus grosse incohérence économique du FN est la question européenne alors que celle-ci est le plus gros désaveu de ces partis « républicains ».
Enième incohérence sur la caractéristique fasciste de ce parti. Le discours du FN est plus châtié que celui du RPR en son temps, et il ne reste que le bon vieux Jean-Marie pour amuser les foules, et donner gage de sérieux à ces viles critiques. Eh oui ! ce sont bien ces critiques, qui aujourd’hui semblent éloignées de toute réalité ; critiques qui tendent à confondre électorat avec les dirigeants, comme ceux qui confondent islam et terroristes -rions-. En plus que de victimiser le FN, elles donnent une impression d’impuissance d’argument face à ce parti, une impuissance pour le combattre.
Enfin, dire que donner la gestion d’une mairie, d’une région au FN serait une catastrophe est une fadaise. Quand je vois des Balkany, logiquement, je ne pense pas que Florian Philipot, diplômé de l’ENA, serait un moins bon gestionnaire que tous les incompétents qui ont ce privilège.
Aujourd’hui, la divine Marine a le monopole sur de vraies questions. Peut-être serait-il temps d’arrêter de s’offusquer, de se saisir du débat, et de la combattre sur le terrain idéologique. En attendant, Marine vous dit merci.
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