Etudiant en droit à Assas, Robin Nitot est un apprenti journaliste sans réseau ni formation. Pour s’en consoler, il écrit régulièrement des articles sur son site jaimepaslesblogs.fr sur des sujets qui l’intéressent, comme la musique et la politique. Passionné par le Rap, les tortues et Jésus, vous pouvez le retrouver à la messe, dans un concert, ou dans une soirée de la Corpo.
« Vald c’est un génie », « Il est au-dessus de tout le monde », « Il est possédé c’est sûr » : c’est le genre de commentaire qu’on peut trouver sous les clips de ce rappeur de 23 ans originaire d’Aulnay-Sous-Bois.
Portrait de celui dont la folie rafraichit le rap game.
Malgré ce qu’en pensent nombre de ses fans, lui-même se défend d’être un génie. Il se défend aussi, bien sûr, d’être fou et possédé, mais assume l’aspect timbré de sa musique : « Parfois c’est trop profond, tu captes que si tu tires ta latte » dans le titre Guedin. Ce côté déjanté convient bien à sa philosophie, « NQNT » (comprendre « Ni Queue Ni Tête ») : « J’ai conscience que rien n’a de sens, et c’est ce que je rappe, du coup ça part dans tous les sens » nous explique-t-il dans une interview. (« Ca part dans tous les sens, comme un Gang Bang inversé » peut-on d’ailleurs entendre dans Nique le Bordel). Cela convient parfaitement à l’air « je-m’en-foutiste » qu’il prend, tant en interview que sur ses clips. Et c’est précisément cet aspect « J’m’en bats les couilles » qui fait une partie du pouvoir de Vald : puisqu’il se fout de tout, il n’a peur de rien, nous allons voir plus tard pourquoi.
Une grande nouvelle ravit les fans de cette pensée sans queue ni tête : Vald vient de sortir son nouvel Album NQNT 2, validé par le comédien/Youtuber Jhon Rachid et par d’autres rappeurs (Gradur, Tunisiano…).
Mais malgré son jeune âge, il est loin d’en être à son coup d’essai ! Il a derrière lui deux mixtapes en téléchargement gratuit sur vald.tv : Cours de Rattrapage et NQNTMQMQMB, acronyme dont je vous laisse trouver la signification dans le morceau Flowjob. En plus de ces deux projets est sorti en 2014 l’EP NQNT, album dans lequel on trouve les titres polémiques Autiste et Shoote un Ministre.
L’humour noir est une des principales caractéristiques de sa musique : il ne se limite pas à aborder de sérieux sujets de société, comme la pauvreté ou la faim dans le monde. Il le dit lui-même dans Paie-moi c’est tout : « Je dis ce que je veux / Donc j’ferais pas d’thème sur l’Afrique et son manque d’appétit ». Le message est clair, Vald parle de ce qu’il veut, sur le ton qu’il veut. Que ce soit de son enfance (dans Elle me Regarde) du conflit intergénérationnel en banlieue (Urbanisme, un autre de mes coups de cœur) ou d’Aulnay-Sous-Bois dans le morceau éponyme ! Mais attention, Vald a beau être fier d’être aulnaysien, il ne le revendique pas plus que ça dans ses morceaux ! « Il n’y a rien de glorieux à revendiquer d’être du Ghetto si c’est pour y rester » confie-t-il. On est donc loin du gangsta rappeur qui se vante de vendre de la coke, d’avoir des biatchs à son service et des guns dans le caleçon. Non, lorsque Vald parle de violence, ce n’est pas pour dire qu’il est le plus dangereux mais pour nous raconter une histoire…
Comme dans Bonjour, qui a connu un succès assez incroyable puisqu’il accumule 3 millions de vues depuis Juin dernier. Ce morceau est un véritable phénomène, et son contenu tellement délirant qu’il a dépassé les frontières du rap français ; pas besoin d’être fan de rap pour savoir ce qui nous attend quand on ne dit pas bonjour ! Je vous explique : Vald nous conte dans Bonjour l’histoire d’un mec qui ne dit pas bonjour à un autre mec, assez susceptible pour se mettre en tête de niquer la mère du premier. En fait l’histoire est plus complexe, mais je vous laisse écouter le morceau pour connaître la suite. Une sorte d’ode au respect, une leçon de politesse, une invitation des plus efficaces à toujours dire bonjour. Ce single est sorti cette année, peu avant le tordu Selfie, chanson d’amour destinée à une fille aux fantasmes masochistes dérangeants, tout cela sur un doux air de guitare digne d’un morceau de Fauve. Mais là où Vald frappe fort, c’est qu’il existe désormais trois clips de Selfie… Le premier, « pour regarder en famille », est très joli, le second, carrément érotique, est plus travaillé esthétiquement, et le troisième… est disponible sur Pornhub. Carrément porno. Vald a inventé le rap porno. Je vous l’avais dit, Vald n’a peur de rien, il se fout de tout.
Ca ne vous suffit pas ? On peut trouver dans NQNT2 le morceau caché Poisson, dans lequel il est répété en boucle « Je suis un poissooooon/J’suis dans l’Océaaaaaaaan/J’aime les aaaaaalgues/Je suis un poissoooooon ». Vald n’a peur de rien, il se fout de tout.
Enfin, il se fout de tout, mais considère parfois le monde avec un sérieux déconcertant : car Vald est un théoricien du complot. Vald ne doute pas que tout ce qui arrive est le fruit d’une conspiration, et les coupables, ils les a déjà identifiés. Il s’agit des reptiliens. Il aborde d’ailleurs le sujet assez fréquemment dans ses morceaux : dans Ecailles « Tout n’est qu’é – tout n’est qu’é- tout n’est qu’écailles » et dans Barême « Mimy mathy, reptile très petit » « BHL reptile très hostile »…
As de la rime et des multi-syllabiques, Vald n’a pas fini de révolutionner le rap game avec un univers cohérent d’incohérence, un langage et un style qui lui sont propres et une façon extraordinaire de se détacher de tous les sujets abordés, le tout sur des instrus variées et toujours avec un cynisme des plus déroutants.
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