Natif de Dijon, comme Alexis Piron dont il aimerait un jour avoir la verve, Florian Chaillot se passionne pour le thé et la littérature de l’absurde, de Raymond Devos à Alfred Jarry. Il se destine dans un futur proche au journalisme afin, dit-il, « de devenir à son tour un écrivain de l’absurdité ».
Suite à un de nos articles concernant la vulgarisation du langage et la perte du vocabulaire, Florian a souhaité, en pleine réforme orthographique, mettre l’accent sur la décadence du phrasé présidentiel…
« S’il y en a que ça les démange les impôts… »
Nicolas Sarkozy, le 17/03/09
Depuis que Nicolas Sarkozy fut élu président de la république, le langage présidentiel s’est appauvrit. Tout a commencé lorsqu’il s’est mis à prendre des libertés avec les accords grammaticaux et à user d’une syntaxe bancale. Ses erreurs devenaient abondantes au point que la version française du magazine numérique Slate a créé une page nommée Sarkolangue qui recense les bévues de l’ancien président.
François Hollande et la déchéance d’intelligibilité.
Lors des élections présidentielles, la communication politique prend une place capitale. Ainsi, les grossières erreurs syntaxiques et le parlé populaire, au sens avilissant du terme, ont cessé à l’approche d’avril 2012. Le candidat François Hollande était porteur d’espoir avec sa longue tirade basée sur l’anaphore « Moi président de la république » qu’il dit avoir improvisé. Le style de cette réplique fut d’ailleurs salué par certains acteurs et dramaturges. Mais, la première déception survient lors d’une interview de François Hollande par Michel Onfrey pour Le Nouvel Observateur. Voici une partie de la conversation :
Michel Onfrey : Un livre a-t-il changé votre vie ?
François Hollande : Oui, Le Petit Prince de Saint Exupéry… et puis Marcuse aussi !
Michel Onfrey : Quel livre de Marcuse ?
François Hollande : … Tout Marcuse…
Puis François Hollande devint président de la république et il fit à son tour d’importantes erreurs syntaxiques. Lui, il utilise sans modération la dislocation anaphorique et les anacoluthes.
Le premier procédé consiste à ajouter un pronom personnel juste après un sujet dans une phrase. Exemple :
« La France, elle va faire 50 milliards d’économie et ce n’est pas si facile. »
François Hollande le 18 septembre 2014
Le second consiste à commencer une phrase sans terminer la précédente. Ces procédés syntaxiques tendent à rendre le discours présidentiel difficilement compréhensible voire inintelligible. Je me suis donc posé la question suivante :
Monsieur Hollande maitrise-t-il le François ?
Et finalement, après réflexion ma réponse est … Oui ! Je doute qu’un homme qui fut étudiant à Assas, énarque et avocat ne maitrise pas sa langue natale. Alors, je me suis demandé pourquoi il lui arrivait de faire de pareilles fautes.
Ni le stress ni le manque de connaissances sur les sujets abordés ne sont à mes yeux des raisons convaincantes. Les Hommes politiques sont préparés à ce genre de situation.
Et puis, en faisant des recherches sur la dislocation anaphorique, j’ai découvert que certains auteurs l’utilisaient lorsqu’ils faisaient parler des personnages appartenant aux classes populaires. Dans A la recherche du temps perdu de Marcel Proust par exemple, Françoise dit :
« Il faut que le bœuf, il devienne comme une éponge »
Notre président se veut proche des Français.
Il a gagné les élections présidentielles en se démarquant de l’image de président « BlingBling » qu’incarnait Nicolas Sarkozy.
François Hollande est allé jusqu’à prendre des mesures pour prouver sa simplicité. Souvenez-vous par exemple de sa résolution consistant à privilégier les voyages en train pour les trajets courts plutôt que l’avion mis à sa disposition. (Résolution qu’il tiendra moins de 6 mois).
Souvenez-vous également de son refus, pour une raison d’image, de s’abriter sous un parapluie lors de son discours sous une pluie battante sur l’Île de Sein le 25 août 2014.
Pour le président, tout est bon pour paraître « simple » et il est bien entouré pour assurer une communication optimale.
Pour en revenir à notre sujet, il me semble donc tout à fait possible qu’un de ses conseillers en communication lui ait soufflé la mauvaise idée d’user de ces procédés syntaxiques afin d’accentuer sa « normalité ».
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