Pourquoi Valls terminera le quinquennat à Matignon

« J’irai jusqu’au bout »

Manuel Valls le 23 février 2016 à propos du projet de loi El Khomri.

Manuel Valls a décidé de quitter Matignon, s’il fait preuve d’autant d’opiniâtreté envers cette loi controversée, c’est pour que François Hollande le bannisse de la tête du gouvernement. D’ailleurs, dans une colonne du Figaro datée du 07/03/16, on apprend que, selon une rumeur persistante, le premier ministre aurait menacé de démissionner s’il ne pouvait appliquer la réforme de la loi du travail. Cela prouve bien que bras droit du président ne tient plus à le rester à l’approche de l’élection présidentielle de 2017.

Voici en quelques lignes l’avis partagé par de plus en plus de députés sur l’avenir souhaité par Manuel Valls. Mais je me suis posé la question suivante :

Qu’a-t’il à gagner à quitter son poste maintenant ?

Son affectation à la direction du gouvernement ne l’empêche en rien de se présenter à la prochaine élection présidentielle : une telle situation s’est déjà présentée durant la Vème république. En revanche,  en quittant le gouvernement, il est beaucoup plus difficile de faire parler de soi. Par exemple, des ministres comme Aurélie Filippetti, Arnaud Montebourg ou même Christiane Taubira étaient très présent dans les médias pendant leur mandat alors qu’aujourd’hui, ils ont beaucoup plus de mal à exister.

Manuel Valls n’est pas dans une posture favorable pour se présenter

De surcroît, en abandonnant sa mission, il partirait sur une fausse note, il deviendrait celui qui abandonne le navire pour servir ses propres intérêts.

Du reste, actuellement, il n’est pas dans une posture favorable pour se présenter. La réforme du code du travail a fait baissé sa côte de popularité. Selon une enquête OpinionWay pour metronews et LCI réalisée du 7 au 9 mars 2016 parmi les sympathisants de gauche, le premier ministre a perdu avec cette loi 17 points dans les sondages pour atteindre 32% d’opinion favorable. S’il se retirait  du gouvernement aujourd’hui, en cas de primaire à gauche, Emmanuel Macron le devancerait.

De plus, à treize mois du premier tour de l’élection présidentielle de 2017, il est temps de faire un bilan du quinquennat. Christiane Taubira aura apporté la réforme du mariage pour tous, Emmanuel Macron a permis la promulgation d’une loi éponyme sur l’économie, François Hollande restera le président qui a su gérer deux des plus grandes vagues de terrorisme en France. Mais, Manuel Valls, lui, n’a pas de fait marquant.

La réforme du code du travail, si elle fonctionne, permettrait de réduire de manière significative le chômage en France. Il serait donc en mesure de réaliser ce sur quoi François Hollande a été élu.

Nous avons vu précédemment que, selon certains députés, Manuel Valls chercherait à se faire limoger par le président. Or, pour François Hollande, mars est un mois critique.  Il contient à la fois la présentation de l’amélioration de la loi El Khomri, l’examen de la réforme constitutionnelle par le sénat et la mise en place des conditions du référendum sur Notre-Dame-des-Landes. Il n’est donc pas envisageable pour le chef de l’état de rendre le gouvernement instable en se séparant du premier ministre. Il n’a d’autre choix que de soutenir Manuel Valls dans ses décisions.

Il a toutes les raisons de rester au gouvernement

En faisant cela, le président se sépare d’une partie des syndicats ainsi que d’une partie de la jeunesse qui, jusqu’ici, le soutenait. Il descend donc dans les sondages et la légitimité d’une primaire à gauche se renforce.  Elle opposerait principalement Manuel Valls à Emmanuel Macron et, comme le ministre de l’économie n’a encore jamais connu l’expérience d’une élection, le premier ministre croit en ses chances d’être candidat pour la prochaine présidentielle.

Nous venons de voir que le premier ministre n’avait aucune raison de quitter le gouvernement mais je dirais même qu’il a toute les raisons de rester !
S’il veut allez « jusqu’au bout » c’est qu’il est persuadé des effets positifs qu’aura la réforme sur l’emploi en France. Il a surement en tête le plan Juppé en 1995 qui a entrainé de grandes périodes de grèves et Alain Juppé, alors premier ministre, a considérablement chuté dans les sondages d’opinion.
Aujourd’hui, l’ex chef du gouvernement se trouve être le candidat favori pour la prochaine élection présidentielle.

Si tout se passe comme prévu pour Manuel Valls, les résultats de la loi El Khomri se feront ressentir d’ici trois à quatre ans.
Si le premier ministre ne se retrouve pas promu au rang de président de la république en 2017 comme il le souhaiterait, il espère tout du moins, grâce à cette loi, devenir le candidat favori en 2022.  Pour cela il doit mener à terme cette réforme et il ne peut le faire que depuis Matignon.

Par conséquent, Manuel Valls ne démissionnera pas.


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