Nadine Morano est donc « profondément choquée » que B. Le Maire accepte de voiler sa femme en Iran. La Ministre du droit des femmes, elle, ose une comparaison un peu laborieuse entre les femmes portant le voile volontairement et les nègres qui acceptaient l’esclavage. H&M s’amuse lors de ses nouvelles collections.
Alors que la France s’enfonce dans la crise politique, économique et financière, nos dirigeants ne trouvent rien de mieux qu’enfoncer le clou sur des questions de société en créant des polémiques, et donc en créant des problèmes. La faute au Français pour qui se déchirer sur des bouts de tissus convient plus que réfléchir sur des statistiques économiques. Parlons donc du voile, puisque cela nous intéresse tant. Et oublions que les tensions religieuses ont toujours été néfastes pour la France.
Déjà sur les propos de Madame Morano. Oui, Bruno Le Maire a eu raison. Non pas parce qu’il faut adhérer à la condition des iraniennes (on ne saurait qualifier ce pays de féministe) mais parce qu’à Rome, fais comme les Romains. On ne peut pas demander aux musulmans qui veulent que leurs femmes portent le voile de le limiter au simple visage (le voile intégral étant interdit) parce qu’on est en France, et ignorer leurs traditions et leur culture (pas forcément religieuses) lorsqu’on va chez eux. Sur ce point, ce n’est pas une question de « vivre-ensemble » ou de politiquement correct. C’est juste une question de bonne éducation.
Ensuite sur le reste. Il ne vous aura pas échappé que, petits humoristes que nous sommes, nous avons décidé de créer un faux événement de débat sur le voile à l’Université. Le succès a été immédiat, et les réactions plutôt inquiétantes. Les nerfs sont à vifs sur certains sujets de société, surtout quand il s’agit d’islam. Et personne ne fait rien pour améliorer tout cela. A cause d’individus, en nombre plus ou moins important, chaque camp aggrave la situation.
On a les traditionnalistes français, pour qui on ne peut pas porter le voile. De la question du respect, qui est compréhensible, à la simple volonté d’emmerder son voisin arabe, chacun y va plus ou moins intelligemment et plus ou moins violemment pour exprimer son mécontentement face aux femmes voilées (et, avouons-le, à l’immigration).
Ensuite les laïcards. Ceux-ci sont encore moins unis. Soit ils décident d’interdire le voile et tout ce qui peut rappeler que les religions existent en France (et dans ce cas musulmans et catholiques subissent les mêmes attaques), soit ils décident que les musulmans sont des victimes et ne dénoncent que les voiles des religieuses, soit s’emparent de la laïcité pour finalement se débarrasser de l’islam de France.
Puis enfin les musulmans. Qui parfois surréagissent. Et qui parfois sont juste visés quoi qu’ils fassent. L’un entrainant l’autre. Comme ici nous ne dénonçons que ceux qui pourrissent la vie, on peut aller du musulman qui considère que sa femme peut sortir de sa chambre, à condition de rejoindre la cuisine, au musulman qui n’a pas compris, à cause de l’éducation qu’il (n’a pas) reçu que le voile peut déranger. Celui qui, parce qu’il n’a rien à dire, va affirmer que de toute façon il y a 200 ans on entrait voilée dans une église. Ou comment être dans le hors sujet et ne pas reconnaître qu’au fond, quelque chose cloche.
Et puis au milieu de ces communautés, il y a les vraies victimes. Les femmes qui veulent porter le voile parce qu’elles considèrent qu’elles le doivent par leur religion et qui sont, pour de vrai, victimes d’un féminisme occidental. Ce petit voile, autour de la tête, qui ne couvre que les cheveux et que certains enragés condamnent comme le drapeau de Daech. Celles qui ne veulent pas porter le voile mais qui en sont obligées. Et puis tous ceux qui ne le portent pas, femmes, hommes, musulmans ou autres et qui sont, avant tout autre adjectif, Français. Qui voient leur pays ne pas avancer à cause de querelles infantiles. Qui voient leur culture noyée et pervertie par des jeux politiques ou économiques (parce que H&M s’en fiche de la condition des femmes, tant qu’ils vendent plus). Qui voient certains renier le passer de la France pour accaparer des voix de communautaristes. Car la France a un passé catholique, ne l’ignorons pas. Mais on ne peut ignorer qu’il faut composer (mot qui sonne pour certains comme une résignation) avec tous les enfants de la Patrie, et qu’aujourd’hui plus de 10% d’entre eux vont à la mosquée.
La religion, qu’elle soit musulmane ou non, a sa place en France, tant qu’elle n’empiète pas sur les droits. La culture étrangère elle, a aussi sa place en France (que ferions-nous sans les kebabs ?) tant qu’elle ne prime pas sur la culture française. La décence doit avant tout primer. On ne se balade pas habillée comme un corbeau dans la rue en fuyant les hommes, comme on n’entre pas en criant comme des demeurées pour danser nues dans une mosquée. On n’interdit pas les apéros avec bière et saucisson, comme on n’accroche pas son cochon sur les grilles d’une mosquée. On n’est pas musulman français, on est français (de confession musulmane). Cela doit aussi être le cas pour les autres religions. La France ne doit pas reconnaître les communautés puisqu’une Nation n’est qu’une, mais elle doit savoir que tous les enfants n’arrivent pas en primaire avec la même éducation.
La réponse à toute les questions de société reste la même : le respect et la raison. Tant que nous ne l’aurons pas compris et diffusé, on continuera ces querelles stériles.
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