Interview de M. Leyte, Président de Paris II

img_1341233940557.jpgPourriez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Guillaume Leyte et suis président de l’université depuis quatre ans. J’ai fait beaucoup de choses dans cette maison, j’ai présidé un département, j’ai dirigé une unité mixte de recherche en lien avec le CNRS, j’ai dirigé un M2 de droit Franco-Italien et quelques DU.

 

Quels sont vos motivations et vos projets pour un second mandat à la présidence de l’université ?

Ma motivation est la même qu’il y a quatre ans, à ceci près que je suis en position d’élu et non pas de concurrent. Ces quatre premières années ont été dominées par les questions institutionnelles, liées notamment à la loi de 2013 (loi de réforme de l’université, ndlr) qui a renforcé ces exigences institutionnelles, ainsi que à la participation de Paris 2 au Pres Sorbonne-Universités dont nous sommes sortis, ce qui nous a obligé à chercher de nouvelles modalités de regroupement puisque cela était exigé par la loi. Tout ceci a donc occupé l’essentiel de mon temps, et il y a ainsi d’autres choses que j’aurais souhaité développer que je n’ai pas pu faire, même si nous avons lancé la licence numérique ou le Collège d’Économie et bien d’autres choses, mais pas toutes celles que j’aurais souhaité entreprendre.

 

Votre motivation est donc la continuité avec votre premier mandat ? 

C’est cela, la continuité oui. Je n’ai jamais eu confiance dans les hommes politiques qui disaient changer durant la campagne précédant leur réélection. Pourquoi changerait-on tout d’un coup ? Ce ne serait pas très cohérent… Je cherche donc bien la continuité. Je pense que le point important dans le plan parisien est que les présidents de Paris 4 et de Paris 6 ont été réélus sur un projet de fusion, et que le maintien de l’Idex qui est un moyen de financement complémentaire a été lié tout récemment par le jury des investissements d’avenir à la fusion effective. Il ne faut donc pas rêver, il va y avoir des pressions extrêmement fortes à l’égard de Paris 2. C’est un élément parmi d’autres, nous ne sommes pas en mauvaise position, mais il faut quand même être vigilant.

 

Quelle est pour vous votre plus grande réussite de votre premier mandat ?

Je pense qu’il s’agit d’avoir préservé l’autonomie de Paris 2. Il ne s’agit pas d’être le village gaulois peuplé d’irréductibles, mais, dans un environnement universitaire dominé par de très grosses universités telles que Paris 6 et Paris 4, de préserver notre université. Non pas que nous soyons incapables de travailler avec les autres, mais parce que le droit a une place inversement proportionnelle au nombre d’étudiants, et qu’il faut préserver les spécificités des disciplines juridiques, de gestion, d’info-comm’ ou autre, dans un paysage qui est dominé par les superstructures. On cherche à conserver la visibilité de Paris 2.

 

Quel est votre plus grand regret ?

Des choses que j’aurais souhaité faire et que je n’ai pas du tout réalisées je n’en vois pas. En revanche, j’avais souhaité créer des chaires d’entreprises, c’est-à-dire apporter du financement privé pour développer non pas tel ou tel enseignement de telle ou telle personne, mais pour des disciplines entières. Je souhaitais donc rapprocher les entreprises de l’université, et le concrétiser via des financements. Tout ceci est entre les mains de mes collègues, c’est-à-dire qu’il faut qu’ils aient eux même des contacts, et qu’ils souhaitent institutionnaliser ces relations. Ceci n’a pas suffisamment progressé, à part en Information-Communication et en droit de l’immobilier, mais je crois qu’on a un potentiel considérable de financement d’actions nouvelles, de thèses, de programmes de recherche etc.

 

Quelle est votre vision d’Assas ?

Je crois qu’il faut de la fierté institutionnelle. Ce qui ne crée pas que des amitiés… Mais je crois que, en tant que première université juridique, Assas doit conserver cette place. C’est donc une université dont on doit pouvoir être fier, je pense que c’est important. Il faut également se dire que nos étudiants sont bien traités, même s’ils n’aiment pas forcement les plafonds lumineux ou le mobilier… Mais je crois que par rapport à ailleurs ils n’ont pas vraiment de raison de se plaindre. On a de plus la grande chance d’avoir un corps enseignant de très grande qualité et exigeant. Enfin, nous désirons accroître la réputation internationale de l’université, ce qui est de fait très important actuellement. Assas est la meilleure université juridique de France et je tiens à ce qu’elle le reste.

 

Quelles sont vos craintes pour l’université ?

Mes craintes ne viennent pas de nous, mais des projets gouvernementaux successifs qui tendent à secondariser l’enseignement supérieur et surtout à alourdir la césure entre grandes écoles et universités. Nous ne voulons pas d’une université voie de garage, on ne veut pas d’une université collège universitaire, nous voulons une université diplomante, une université professionnalisante de haut niveau. Je crois que l’Etat dépense énormément d’argent dans les universités, et il ne faut pas que cet argent serve à faire de la médiocrité. Il s’agit donc là de ma crainte principale, entre autres le fait qu’on ne puisse pas sélectionner. Je sais que pour ceux qui ne sont pas pris en M2 chez nous c’est très difficile, mais d’expérience tous trouvent quand même un M2, au contraire d’étudiants d’autres universités de province. Je crois que la qualité et l’exigence il nous revient de la mettre en œuvre, sinon on se repose uniquement sur le monde du travail, ce qui est d’une grande malhonnêteté.

 

Vous parlez donc d’une université exigeante et professionnalisante, pensez-vous donc continuer à développer les doubles cursus tels que Droit-Économie ou Droit-Science ?

Certains marchent, d’autres non, disons-le. Il faut voir le nombre d’étudiants attirés par ces cursus. Ceux où il y a trois inscrits et un seul qui passe l’examen est un diplôme qui ne marche pas. Il faut donc innover ou en trouver d’autres, pourquoi pas, mais il faut toujours vérifier que les diplômes fonctionnent et ont du sens. Il en existe deux qui fonctionnent très bien, c’est Droit-Histoire et Droit-Histoire de l’art qui se poursuit jusqu’en M2 et qui est donc l’exemple type d’une coopération réussie. Mais certains ont été fermés faute d’étudiants.

 

Avez vous un petit mot sur les travaux, un petit cocorico ?

J’espère que ça vous plaît avant tout ! J’espère que vous vous sentez bien dans les nouvelles infrastructures. Ça participe de l’identité étudiante d’Assas, pour qu’on ne vienne pas à l’université en reculant ou en traînant les pieds.

Il y a tout de même parmi les étudiants une grosse incompréhension quant au plafond lumineux du hall…

C’est effectivement ce que j’ai entendu à plusieurs reprises. La question était de savoir si on laissait le treillis qu’il y avait avant dans un hall relativement sombre ou si on essayait de l’éclairer dans la mesure où on fait également l’éclairage du parvis et qu’on va faire l’éclairage du côté de la rue Notre Dame des Champs. On a donc essayé de situer tout cela dans le cadre de la rue d’Assas, notamment la nuit. Il s’agit d’une rue plutôt sinistre, dont la seule lumière, qui est assez symbolique du coup, est celle de l’université. Ainsi, nous nous sommes dit qu’entre un extérieur illuminé et un intérieur sombre le contraste n’était pas très heureux. Mais bon, tout est une question de goût… Je comprends que les étudiants ne soient pas tous convaincus. On espère que ça pourra servir pour des défilés de mode pour lesquels on louera le hall d’Assas (rires) (le PDG de Dior est venu pour la soirée des majors, ndlr). En tout cas il fallait un éclairage, donc est ce qu’il fallait mettre des loupiotes, ou quelque chose d’un peu plus original ? Nous avons choisi la seconde option.

 

On vous voit souvent à des événements associatifs, quelle est votre vision du monde associatif aujourd’hui à Assas ?

Les associations sont vivantes et efficaces. Je crois que c’est grâce aux associations et surtout au fait que les étudiants adhèrent à leurs projets qu’il y a une véritable vie étudiante. En terme technocratique on parle de vie de campus. Ainsi je trouve très positif que notre université soit animée par des manifestations en tout genre.

Il n’y a pas longtemps, la Pravd’Assas a interviewé deux anciens de Paris 2 qui nous confiaient qu’ils trouvaient le monde associatif d’Assas meilleur avant car plus politisé, et les étudiants plus engagés, qu’en pensez vous ?

Il s’agit de quelque chose de totalement indépendant de l’université. Il s’agit d’un désintérêt général pour le politique qui arrive à Assas comme ailleurs. Ceux qui le regrettent sont probablement les syndicats étudiants de droite ou de gauche qui eux sont politisés, mais je pense que cela correspond de manière tout à fait démocratique aux aspirations étudiantes et à un changement de génération. C’est vrai qu’en 1968 c’était très différent.

Enfin, pour vous, quelles sont les trois qualités d’un étudiant à Assas ?

Optimiste, travailleur, et conscient de la valeur de ce que lui offre l’université.

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