(Nous rappelons que les opinions de nos contributeurs n’engagent qu’eux et ne lient en aucun cas la rédaction de la Pravd’Assas, ndlr)
« L’extravagant candidat à l’investiture républicaine [Donald J. Trump] pour la présidentielle américaine prononçait un discours devant la coalition juive républicaine , un lobby ». Le Figaro, 03/12/2015.
« La sécurité d’Israël n’est pas négociable » Hillary Clinton, devant l’Aipac.
Aipac : Americain Israël Public Affairs Commitee. Définit sur Wikipedia comme un lobby visant à soutenir Israël et l’idéologie sioniste. Le sionisme, c’est un mouvement visant à promouvoir un Etat juif (sa création puis sa défense), en l’espèce aujourd’hui Israël.
Mais quel crime Jean-Frédéric Poisson a-t-il commis ? A-t-il traité un adversaire de confession juive de sale youpin ? A-t-il fait un jeu de mot douteux à la Jean-Marie ? S’est-il affiché avec Abu Bakr Al-Baghdadi sur Twitter ? Pire. Il a parlé de lobby sioniste. Aux Etats-Unis. Comme si ce dernier n’existait pas. Ou était caché.
« La proximité de Mme Clinton avec les supers financiers de Wall Street et sa soumission aux lobbies sionistes sont dangereuses pour l’Europe et la France » dit-il dans Nice Matin. Comment ne peut-on pas vomir devant une telle violence, un appel au meurtre : n’est-ce pas du Hitler, du Soral tout craché dans le texte ? 2016 n’a-t-elle pas ce relent des heures les plus sombres de notre histoire à travers la candidature de M. Poisson ?
Alors, d’un coup, la France, grande gardienne de la liberté d’expression, a assommé la campagne du candidat à la Primaire avec sa censure habituelle : les sujets tabous. Ceux qui, s’ils ne sont pas évoqués avec une bonne grosse dose de flagellation si l’on appartient pas à la communauté en question, vous placent au ban de la société, tels de vulgaires coupable de crime contre l’humanité. Après Touche pas à mon Pote, Touche pas à mon colon.
Mais trêve de plaisanteries: Jean-Frédéric Poisson n’a pas attaqué les juifs. Il n’a pas parlé d’un candidat républicain français. Il a parlé d’un lobby assumé, sioniste, aux USA. Comme si les juifs étaient tous sionistes. Comme si les USA n’étaient pas les meilleurs alliés d’Israël.
Alors, les Einstein de la pensée unique seront légions à venir reprocher dans les commentaires : « mais l’antisionisme, c’est un antisémitisme caché ! » Comme si reprocher telle ou telle politique à Israël (nous ne rentrerons pas dans le conflit interminable de savoir qui entre les extrémistes juifs ou les extrémistes arabes se doivent d’être éliminés en premier) revenait à adhérer aux thèses antisémites. Comme si les Français juifs ou les Américains juifs ou les Chinois juifs étaient garants et représentants de la politique d’un Etat dont il n’ont pas la nationalité.
Mais alors que risque le candidat ? L’exclusion, tout simplement. Parce qu’il a dit quelque chose de tabou, le candidat du PDC risque de se voir censurer par une «Haute Autorité ». Parce qu’il a placé « Wall Street » et « sionistes » dans la même phrase. Aujourd’hui, certains mots n’ont pas le droit, même sans aucun lien, d’être dans une même phrase. Surtout quand on parle de sionisme.
La question n’est pas de crucifier l’idéologie sioniste. Si vous voulez mon avis, je m’en fous : nous sommes en France, ce n’est pas notre guerre ni nos problèmes. Mais il faut absolument critiquer ce défoulement de tension et de violences lorsqu’on aborde ce sujet. Les mêmes qui critiquent M. Poisson pour ses propos sur le sionisme sont ceux qui, quelques minutes avant, s’alarmaient d’un islam politique, juste après une bonne grosse blague sur les problèmes de pédophilie au sein de l’Eglise catholique.
Au lieu de le résoudre, le silence autour de ce débat ne fera que tendre la relation en peau de chagrin entre les pros et les antisionistes. Comment les antisionistes ne peuvent-ils pas être confortés dans leurs convictions lorsqu’on voit qu’un organisme tel que le CRIF demande une sanction exemplaire contre un homme qui se présente devant les Français pour défendre ses convictions et donner son point de vue diplomatique, et a les pouvoirs de se la faire accorder ?
Ne nous mentons pas : ceux qui s’attaquent dans le monde politique à leur adversaire n’en ont que faire de l’Etat israélien. C’est bien pour sa relation avec le FN que Jean-Frédéric Poisson sera peut-être exclu de la Primaire le Mardi 25 octobre. Le bannir avec comme motif ces récents propos éviterait que son meeting prévu en décembre avec le biterrois Robert Ménard ne fasse trop tache.
En attendant, ce sera à vous de décider : payerez-vous deux fois 2€ pour financer une autorité qui, sous prétexte d’organiser une élection démocratique, en censure les candidats ?
Le Lozérien
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