Levons nos verres pour l’occasion, une première bougie ça se fête! Levons nos verres ; n’est-ce pas ce que l’on a fait il y a un an ? Il paraît que les plus belles fêtes – et les plus folles – se font sous les bombardements. Alors festoyons! Festoyons tant que nous le pouvons ! Avant qu’un jeune se tienne devant nous, droit dans ses bottes, une kalach à la main.
Ne voyez dans cette ironie palpable aucun mépris pour la riposte « culturelle » que notre nation a trouvé il y a un an, ni pour les commémorations qui ont eu lieu ce week end ; elle cherche simplement à attirer votre attention : tandis que nous remplissions les terrasses parisiennes si chères à nos coeurs, l’Etat d’urgence était mis en place.
Je ne vous infligerai pas une énième répétition de la procédure par laquelle il a été adopté ou encore ce qu’il autorise, nos chers professeurs nous l’ont assez rabâché. Il est tout de même nécessaire de noter que cet Etat d’urgence sera probablement, c’est en tout cas la tournure que prennent les choses à l’heure actuelle, prolongé jusqu’aux élections présidentielles de mai 2017.
Outre la nécessité de ce maintien pour des questions de sécurité – la menace terroriste n’étant pas plus basse qu’elle ne l’était il y a un an – ce que les politiques invoquent moins devant les médias, ou en tout cas pas tous les politiques, c’est la demande des Français. En effet selon l’IFOP en avril dernier 91 % des français jugeaient les sanctions envers les terroristes trop laxistes et 62% se disaient favorables à l’internement préventif des fichés S, ayant conscience qu’il s’agit de plusieurs milliers de personnes simplement présumées radicalisées. Ces 62 % regroupent non seulement un électorat de droite mais également une grande partie de l’électorat de gauche. La peur de perdre un être cher semble alors plus forte que tout, plus forte que les droits de l’homme. Mais comment leur en vouloir ?
Alors les candidats à la présidence, en tout cas ceux ayant déjà un programme officiel, s’adaptent. Tous les candidats de la primaire de la droite et du centre parlent d’investissements lourds dans la défense, la gendarmerie et la police nationale avec notamment une embauche parfois massive. Le Front National, parle d’une « tolérance zéro » en terme de sécurité. Un vaste programme composé d’une part de la réinstauration de la peine de mort et d’autre part de l’extension des méthodes jusqu’à présent réservées à la lutte anti-terroriste à toutes les affaires de police et de gendarmerie. Parlent-ils ici des mesures autorisées par l’Etat d’urgence, régime exceptionnel qui pourrait alors devenir permanent, alors qu’il vient tout juste de souffler sa première bougie ? Mais non, ne voyons pas le mal partout !
L’homme qui plane, comme toujours, c’est François Bayrou qui parle de « Sécurité et tranquillité » sur son site officiel avec un programme qu’il semble ressortir des dernières élections présidentielles. Il est vrai qu’après tout, il est temps de détendre les citoyens : la crise, Néris-Les- Bains, le chômage, le canal de Gignac , le terrorisme, l’Amicale des Annamites de Paris, le risque d’attentats, la question de la souveraineté en Nouvelle-Calédonie ; ça fait beaucoup à gérer pour les français. Toutefois les textes ne sont pas tout à fait précis, nous ne savons toujours pas s’il compte instaurer des séances de yoga et de méditations hebdomadaires obligatoires ou bien vaporiser du Xanax sur l’ensemble du territoire.
Quant aux candidats de gauche… laissons leur le temps de s’organiser, après avoir prolongé l’Etat d’urgence actuel !
Quelles possibilités nous restent-il alors, à nous citoyens si loin du pouvoir ? Ne vous attendez pas à me voir sortir les violons : après tout nous sommes étudiants, dans une université de Droit, de renom de surcroît ! Et ne nous mentons pas, assez dans cette faculté souhaitent s’investir, et le font déjà, en politique pour que l’on ne sente pas éloignés.
Et si vous n’êtes pas convaincu, festoyez, ça marche toujours! Levez vos verres à cette année écoulée car après tout nous avons fait face.
Claire-Élise Péron
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