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« Attention mon ami, je l’ai vue, méfie-toi, la bête est revenue » chantait Pierre Perret. Le 7 mai, la France devra choisir entre le Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Un choix entre la peste et le choléra déplorent déjà certains. Vraiment ?
Oui, le programme d’Emmanuel Macron ressemble à notre grand II B, plutôt vide et sans ambition. Mais peut-on vraiment dire qu’il s’agit d’un choix cornélien ? Qui peut sérieusement refuser de distinguer le FN des autres formations politiques de notre pays ? Tentons de distinguer, car « penser c’est distinguer » rappel avec pertinence un éminent professeur d’Assas.
Aborder le programme du Front national résulte d’une certaine absurdité quand on y pense, tellement son nom devrait suffire. Pour beaucoup le FN évoque dans un inconscient collectif le racisme, la haine, l’antisémitisme ou encore le fascisme. Ne vous êtes jamais interrogé à ce propos ?
Il faut savoir d’où on parle !
Au commencement ce fut « ordre nouveau », un rassemblement néo-fasciste. Le FN ce fut aussi Jean-Marie Le Pen et les chambres à gaz « point de détail » de l’histoire ou encore en 1995 le meurtre d’un Africain par des colleurs d’affiches haineux. Amis juristes, le FN c’est un arrêt de la Cour de cassation (n° de pourvoi 70-90558) sanctionnant la publication de disques de chants du IIIe Reich. Non, Le Pen n’était pas spécialement fan de Black M, Vianney ou Stromae. La liste est tellement longue ! Racisme, xénophobie, nationalisme sont à la base des thèmes de l’extrême-droite européenne.
Ceux qui se laissent avoir par la berceuse de la « dédiabolisation » ne mérite pas la moindre considération. À ces gens, on ne peut que vivement conseiller un retour à des lectures du programme d’histoire ou au minimum un survol de wikipédia. La dédiabolisation est un leurre. La nuit des Longs Couteaux n’est pas un point de détail ! Une fois au pouvoir si tel est le cas, les « Philippot Boys » et les cautions propreté du parti disparaîtront ou se convertiront à la religion de la haine.
Ultime élément à bien intégrer dans nos logiciels de juriste : le juridique est un outil au service du politique. Un peu de modestie ne nous fera pas de mal chers amis juristes. Dans de bonnes mains c’est un bel outil, dans des mains médiocres c’est un outil moyen et dans des mains dangereuses c’est un outil dangereux. Se réfugier derrière un État de droit permanent est une illusion, un leurre, un mensonge que vous faites à vous même.
Si certains sont toujours tentés par le vote Le Pen, ils ont le droit. Mais, qu’ils assument ! Qu’ils assument de voter pour le Front national. Qu’ils assument de voter pour un parti d’extrême-droite. Qu’ils assument un vote qui provoquera une montée du racisme. Qu’il assument l’explosion de leurs camarades étudiant étrangers. Qu’ils acceptent la fin d’Erasmus (oui, parce que si on sort de l’Europe, si on refuse les étudiants étrangers, les autres pays sont pas bête hein ! ).
Qu’ils ne se cachent pas derrière l’argument tant de fois entendu de « l’UMPS ». Comme dit le diction : « dire on a essayé la droite, on a essayé la gauche donc je vais voter FN revient à dire : j’aime pas la viande, j’aime pas le poisson, donc je vais essayer la merde ».
En somme, allez y, votez. Mais choisissez bien votre bulletin, parce que selon le bulletin que vous glisserez dans l’urne, ce sera peut-être le dernier… Quand l’extrême-droite prend le pouvoir, elle ne le rend jamais… ou en tout cas pas pacifiquement. « L’histoire est tragique » disait Raymond Aron.
Pierre François
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