Gorillaz signe son grand retour, six ans après Platic Beach (Plastic Beach ?) et the Fall. Depuis octobre le groupe tease ce nouvel album à coup de nouveaux visuels pour les personnages incarnant le groupe, de chansons délivrés au compte-goutte et d’une tracklist juste impressionnante.
C’est donc l’heure de faire un point sur un album très attendu.
Une nouvelle fois Gorillaz délivre un certain constat sur le monde, un avertissement concernant l’état de nos sociétés sur le déclin. Particulièrement audible sur le titre Hallelujah Money, sorti à l’occasion de l’élection de Donald Trump. Elle critique le règne de l’argent et l’isolationnisme grondant dans le monde occidental. Elle dénonce ce monde qui s’isole au lieu de s’ouvrir, ce monde construit sur les apparences et la vacuité. La chanson est portée par Benjamin Clementine, et sa voix ni rauque, ni aigue est d’une profondeur exceptionnelle.
Globalement l’ambiance est sombre, que ce soit avec les chansons Saturnz Barns ou Busted and Blue par exemple. Pour les plus riches d’entre vous (après tout vous êtes à Assas), le groupe a réalisé le clip de la première chanson en réalité virtuelle. La deuxième est quant à elle notable puisque c’est la seule où vous pourrez entendre Damon Albarn chanter seul. En effet l’album dispose d’un nombre de featuring assez impressionnant parmi lesquels on peut citer De La Soul, Grace Jones, D.R.A.M, Mavis Staples ou encore Kali Uchis, et bien d’autres que je n’ai pas cité. Le groupe a donc opté pour un mélange des genres assez intéressant qui rend chaque chanson assez unique. A écouter absolument sur l’album : Let me out et She’s my collar qui sont incontestablement deux très grandes réussites.
On peut se sentir un peu perdu au vu de tous ces featurings. Il n’y a pas de réelle unicité dans l’album, comme si l’ambiance était constamment changeante, on ne reste jamais fixé sur les mêmes émotions tant il y a de genres et sous-genres différents qui y sont représentés. Certains pourraient critiquer cela, je pense plutôt que ce chaos est voulu, il est présent pour servir le propos de l’album. La présentation chaotique de l’album ne fait que représenter le désordre de nos sociétés.
Le seul point noir est l’outro, le dernier titre We Got the Power (feat Jenny Beth) est plutôt gênant. Il est en partie chanté en français et se veut comme une sorte d’hymne à l’amour et à la fraternité. Une pointe d’optimisme dans un album très sombre, mais qui ne prend absolument pas. C’est dommage car l’album se finit ainsi sur une impression assez mitigé.
En étant vraiment tatillon on pourrait également noter qu’il peut être difficile de rentrer dans l’album au début tant il est déroutant. Il faut admettre que les deux premiers titres Ascension (feat Vince Staples) et Strobellite (feat. Peven Everett) sont comme un grand écart musical. Mais on peut également reconnaitre que c’est bien là le charme et la force de Gorillaz. Confronter des artistes et des genres complétement opposés sur le spectre musical pour en tirer des compositions et un ensemble atypique et novateur.
Si Humanz n’est peut-être l’album que tous les fans attendaient et si certain seront déçus du fait d’une hype énome, l’album reste une franche réussite avec quelques belles perles. Quoi qu’il en soi, il faudra compter sur Gorillaz dans les prochains mois puisque le groupe lance son propre festival nommé « Demon Dayz », qui aura lieu le 10 juin prochain en Angleterre. Et vu la capacité du groupe a trouver des artistes de grandes qualité et à les faire se déplacer nous pouvons nous attendre à du lourd.
Féfé
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