Amis consuméristes râleurs en quête d’unicité : laissez-moi porter mes Converse en paix.
Combat sans valeur, loin des nobles causes que défendent les autres contributeurs, je revendique aujourd’hui la défense de cent ans de culture à mes pieds. Je vais par ailleurs le revendiquer avec sérieux, second degré et autodérision, mais avec sérieux surtout.
Soyons clair, nous ne parlerons aujourd’hui que du modèle mythique porté par les plus grand, celui qui fête cette année son centenaire : la Converse All Star, renommée dans les années 30 Chuck Taylor All Star.
A l’origine : de simples chaussures de basketball
En 1917, Converse Rubber Shoe Company, une marque créée en 1908 par Marquis Mills à Malden (Massachussetts), lance sur le marché la Converse All Star sous le nom de « Non-Skids ». Elle est conçue pour être portée par les basketteurs professionnels.

Le modèle est un succès et il est rapidement adopté par de nombreux basketteurs, amateurs comme professionnels. Le basketteur Charles « Chuck » Taylor les porte dès 1917 alors qu’il n’est que joueur dans l’équipe de son lycée. Après son passage en professionnel, il devient vendeur pour la marque en 1923.
Taylor apporte alors des modifications à la Converse All Star afin d’améliorer sa flexibilité et le soutien du pied pour disposer de meilleurs appuis. Il fait également évoluer le patch rond sur la face intérieure de la chaussure pour mieux protéger la cheville.
Alors qu’en 1979 les « Chucks » disparaissent totalement des parquets, elles sont devenues entretemps un vrai phénomène de mode. Elles seront notamment reprises par trois des principaux mouvements de contre-culture musical : le Punk à la fin des années 70, le Grunge dans les années 90, et le Garage depuis les années 2000.
Les Ramones comme premier fer de lance
Formé en 1974 à New York, les Ramones s’imposent un code vestimentaire strict, qui colle à l’image de leur musique : cheveux longs « au bol », perfecto noir, jean déchiré aux genoux et des Converse ou des Keds usées.
Leur style novateur, inspiré de groupes comme les Stooges, les Sonics, voire même les New York Dolls, ajouté à leur manière de s’habiller et à leur attitude sur scène, leur vaut le titre de premier groupe de Punk. Ils auront une influence majeure sur tout le mouvement musical, aussi bien aux Etats-Unis qu’en Angleterre.
Les Ramones auront finalement un succès commercial assez limité. Néanmoins, leur influence, tant au niveau musical que vestimentaire, sera énorme.

Les Sex Pistols, premier groupe à importer le Punk en Angleterre, s’inspireront beaucoup des Ramones. Sur le plan musical bien sûr, mais aussi sur le plan vestimentaire et dans l’attitude. On retrouvera ainsi souvent les All Stars à leurs pieds durant leur courte carrière.
Les Converse symbole des sous-cultures
Les Converse vont par la suite être attachés à de nombreux mouvements de sous-culture et de contre-culture. A partir du milieu des années 80, elles seront reprises par le Grunge. Ce mouvement apparu à Seattle, qui se caractérise à l’origine par un rejet de l’opulence des années 1980, va adopter un style vestimentaire minimaliste, débraillé et sale, correspondant parfaitement à sa philosophie. On retrouvera parmi les musiciens de Grunge des vêtements trop grand, troués et malodorants, dont le gilet en laine plein d’auréoles de Kurt Kobain est le symbole. Les Converse vont parfaitement se greffer à cette esthétique, et on les retrouvera là encore aux pieds de nombreux musiciens.

Au début des années 2000, ce sera au tour du Garage Rock Revival de s’emparer de la chaussure. Ce mouvement hybride et extrêmement vaste, va néanmoins connaitre un succès international grâce à des groupes comme les Strokes, les Whites Stripes, ou les Hives. Il est compliqué à définir car il puise ses influences partout et synthétise 50 ans de musique rock, des Beatles à Nirvana, en passant par des groupes aussi différents que les Pink Floyd, les Ramones ou Talking Heads. D’autant que ce mouvement va encore évoluer au cours des années 2000 avec des groupes aussi intéressant que différent comme les Libertines, les Datsuns, Ty Segall… On regroupe néanmoins sous la bannière « garage » l’ensemble pop-garage-psyché-shoegaze, qui marque un « back to basics » du rock, teinté d’un gros esprit de DIY. La mode vestimentaire de ce mouvement est là aussi une synthèse de tout ce qu’il a pu se faire précédemment, la Chuck Taylor s’est ainsi installée tout naturellement dans ce paysage.

En cent ans d’existence, et au-delà de son utilisation dans par les basketteurs et les artistes, la Converse All Star ne s’est jamais démodée. Elle est la chaussure la plus copiée au monde, si bien que Nike (qui a racheté la marque en 2003), poursuit chaque année des dizaines de marques pour plagiat. Plus impressionnant encore, on estime que 60% des américains en ont possédé une paire au cours de leur vie.
Bref, rangez vos Air Max, jetez vos 574, faites bouffez leurs Stan Smith aux personnes qui osent y revendiquer 50 ans de culture, foutez vos Pump / Suede / Tiger / Jordans / Classic Leather / Gazelle dans la première déchèterie, et portez fièrement la chaussure qui a traversé l’histoire.
Jean-Elie Dumas
PS : Je récupère néanmoins les Authentic de chez Vans taille 41,5 contactez moi en mp.
Bon article. Oui, rien n’ a plus de classe qu’une paire de Converse portant les stigmates d’une vie de concerts et de vadrouille. Cependant pas la peine de différencier les genres musicaux, la Converse est tout simplement rock ! (dans le bon sens) culturel, contre-courant, rebelle (ouais je sais) et objet d’art. D’ailleurs Converse rends hommage régulièrement au rock’n’roll en customisant ses sneakers de belle manière. J’ai plus de 50 balais et j’en porte toujours, avec un teddy, un Flight jacket ou un levi’s bien usé. Le perfecto appartient aux bobos désormais. Bye !
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