Le gouvernement du président de la République Emmanuel Macron vient d’annoncer le passage de 3 vaccins obligatoires à 11 pour le premier Janvier 2018.
Selon le dernier sondage Odoxa, cette décision est accueillie de manière fortement partagée par les Français, avec une majorité d’avis défavorables assez surprenante. Autour de cette question des 11 vaccins obligatoires pour l’enfant en bas-âge gravitent de nombreuses interrogations sociétales.
Comment lutter contre la désinformation ?
La défiance française vis-à-vis de la vaccination s’explique en majeure partie par le travail zélé et sans relâche d’une partie notable de la population qui, persuadée de la nocivité des vaccins, fait de leur utilisation un grave danger individuel. A l’aide de plusieurs médias, mais principalement des sites internet de désinformation, plusieurs groupes se citent mutuellement et mettent en lien leurs visiteurs avec des études pseudo-scientifiques. Malgré leurs flagrants manques de rigueur scientifique, ces « études » continuent de faire vivre l’idée selon laquelle la vaccination peut régulièrement entraîner de l’asthme, certaines formes d’autisme, ou d’autres pathologies. De la même façon, les prises de parole de certaines personnalités ont pu influencer l’opinion publique. Isabelle Adjani, en direct de France Inter, a ainsi condamné tous les vaccins : cette « façon de détériorer, pour ne pas dire détruire, l’éclat biologique d’un être dès sa naissance ». En l’absence d’une réelle politique d’information gouvernementale et médicale, ces assertions bénéficient d’un large espace de prolifération.
Contre ces accusations, comment les vaccins peuvent-ils être défendus ?
Le meilleur terrain de contre-attaque des défenseurs du vaccin est celui des statistiques, véridiques cette fois. En effet, si le caractère extrêmement rare des complications suivant la vaccination est avéré par toutes les études scientifiques, c’est bien le rejet du vaccin qui nous prouve l’importance de celui-ci. En France, entre septembre 2010 et septembre 2011, l’incidence (c’est-à-dire le nombre de nouveau cas par an) est passée d’un taux inférieur à 1 (pour 100 000 habitants) à un taux supérieur ou égal à 30 pour 100 000 dans la région Rhône-Alpes et la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Ces deux régions font partie des « bastions de résistance » contre les vaccins, s’expliquant notamment par une ferveur religieuse plus importante que dans la moyenne. Une des conséquences : une augmentation de la proportion de complications dans les tranches d’âge où les infections sont les plus préoccupantes. En somme, ces populations réfractaires jouent avec leur propre santé et celle de leurs enfants. L’épidémiologiste Daniel Lévy-Bruhl énonce ainsi que « cette expérience [l’épidémie de rougeole de 2010-11] pose la question de l’acceptabilité de –au moins– 5.000 hospitalisations, 1.000 pneumonies sévères, 26 encéphalites et 10 décès chez des sujets jeunes, liés à une maladie évitable par une vaccination sure et efficace ».
La vaccination est une des avancées majeures de la médecine, prévenant un nombre incalculable d’atteintes, jouant un rôle essentiel dans la survie des nourrissons, mais aussi des populations adultes. Elle représente un geste qui ne sera un succès au sein d’une population que si celle-ci s’y astreint complètement ; l’immunité d’un groupe est possible s’il ne possède pas d’élément récalcitrant. Refuser de vacciner ou de se vacciner, c’est une manière égoïste et inconsciente de mettre en péril les individus les plus faibles de son entourage.
Bertrand Steiner