« Tu veux t’asseoir sur le trône ? Faudra t’asseoir sur mes genoux » – Jour de paye, Booba.
En 2010, le rappeur des Hauts-de-Seine clamait déjà être assis sur le trône du rap français. Il revient fin 2017 avec son 9ème album solo appelé Trône pour réaffirmer cette position. Cet album, initialement prévu pour le 15 décembre 2017, date d’anniversaire de Rohff – un des rivaux de Booba – est finalement sorti prématurément le 1er décembre. Ce projet de 15 titres dont 12 inédits est sans surprises un ego trip bien manié dont seul le duc de Boulogne a la recette.
Ce disque très attendu par les fans du DUC suite à la sortie du phénoménal Nero Némésis en 2015 est réussi. Malgré cela, Booba fait ce qu’il a à faire sans vraiment sortir des sentiers battus. Les instrus, textes, punchlines et cibles publiques sont connues et reprises. Cet album n’est néanmoins pas bâclé et le rappeur du 92 maîtrise encore parfaitement son art.
Tout d’abord, les prods de Trône sont habituelles. Allant de la trap futuriste, comme sur le morceau Centurion qui ouvre l’album, à des mélodies plus douces comme sur Petite fille qui clôture l’album. Booba avait pour habitude de mêler dans ses albums des prods différentes lui permettant de modifier le ton de chacun des morceaux pour arriver à son but : l’egotrip. Trône ne déroge pas à la règle et les influences récurrentes dans les instrus sont toujours les mêmes. Une pointe d’originalité sur ce point néanmoins avec le morceau Ça va aller en featuring avec Niska et le malien Sidiki Diabaté. On y dénote l’influence musicale de ces derniers qui donne une touche de fraicheur à cet album pour le moins conventionnel. Cependant les choix opérés restent bons et se calibrent parfaitement avec le flow et les textes du rappeur.
Rien de nouveau sous le soleil, B2O use de ses thèmes récurrents : sa réussite musicale, sa large supériorité face à la concurrence, et sa réussite financière. Le duc n’a pas perdu la main et ses punchlines sont toujours aussi bien senties. Une écriture simple et crue doublée d’un flow répétitif et connu sont pour Booba une recette qui fonctionne toujours. Par exemple dans le morceau Friday : « la justice a deux vitesses, le Lamborghini en a six » mêlant engagement et egotrip pur. En effet, malgré le fait qu’on puisse déplorer un manque d’originalité dans ses propos et ses thématiques, Booba renouvelle son écriture pour toujours plus de clash, de non-respect et d’expression simple de sa supériorité. Les punchlines et l’affirmation de sa richesse sont toujours réussies pour le plus grand plaisir des pirates (surnom donné aux fidèles de Booba par ce dernier, ndlr). Sans grande surprise, le rappeur s’attaque toujours à ses cibles préférées que ce soit en politique, dans le rap même ou bien directement les forces de l’ordre. Ces attaques, bien que répétitives, sont toujours aussi bien senties et font toujours sourire. Les punchlines concernant Rohff et La Fouine ne surprennent pas mais sont toujours aussi drôles notamment sur le morceau Centurion : « les carrières se font doucement, s’arrêtent vite comme hache de guerre » ; cette phrase est directement adressée à Rohff dont le surnom est R.O. hache de guerre.
Ainsi par ses prods, son écriture et son flow, le duc de Boulogne a encore satisfait les pirates. Toutefois, après Nero Némésis, Trône est un album à l’aspect plutôt simple et facile. Les deux morceaux Petite fille et Friday relèvent de l’exploit musical. En effet, sur les 12 morceaux inédits que contient cet album ce sont de loin les meilleurs de par leur richesse textuelle et leur flow si bien agencé sur de prods travaillées. Finalement, le contraste entre attente et réalité doublé d’une sortie prématurée et volontaire de cet album vient alimenter la théorie du double album suggérant une réelle sortie de chef d’œuvre pour le 15 décembre comme prévu et annoncé initialement par l’artiste.
Rendez-vous donc le 15 pour on l’espère une bonne surprise en cette période de fêtes.
Nicolas Simon