Changer son regard sur le féminisme

Pour égayer votre dîner de Noël en famille, rien de mieux que d’aborder le sujet du féminisme, qui suscitera sûrement un long débat et vous évitera les questions sur votre année de droit en plein échec. Mais pourquoi le terme «féministe» sonne-t-il aujourd’hui comme un gros mot, un terme polémique qui fait peur, auquel peu souhaitent s’associer ?

Quand je demande à mes amis s’ils sont féministes, la plupart me répond que non. Le mot effraie, repousse. Pourtant, quand je les interroge sur ce qu’ils pensent de l’égalité des sexes, ils me répondent unanimement qu’ils la soutiennent. Alors, pourquoi donc ne pas se reconnaître dans le terme «féministe» ? Ce mot est associé quasi automatiquement aux groupes féministes radicaux, qui semblent être les seuls connus, quoique minoritaires, au détriment du féminisme dit égalitariste. Le mot véhicule même une idée d’exclusion des hommes pour certains. Cependant, si on définissait le féminisme par la négative, on parlerait alors d’anti-sexisme, terme qui semble déjà moins déranger, puisqu’il inclut également les hommes. Alors, si vous être contre le sexisme, félicitations, vous êtes féministe. Rassurez-vous, ce n’est pas une maladie, ni une honte, c’est seulement du bon sens.

Une conception stéréotypée des féministes

Pour beaucoup d’entre vous, la première image qui vous est venue en lisant le mot «féministe» dans cet article est celle d’une femme seins nus, agressive, cheveux courts, hystérique… Mais des hommes aussi sont féministes, cette lutte ne concerne pas exclusivement les femmes ! Les hommes ont besoin du féminisme, pour rompre avec le modèle traditionnel de la virilité et les attitudes que leur impose le système patriarcal, et les féministes ont besoin des hommes pour faire évoluer la situation.

Les actions féministes relayées dans les média semblent fournir des arguments aux opposants du féminisme. En effet, on ne parle que des actions chocs des groupes féministes radicaux : être féministe ne signifie pas forcément soutenir ces actions, qui sont menées par des groupes minoritaires.

Des actions chocs néanmoins nécessaires

Cependant, même si leurs actes peuvent donner une image erronée du féminisme, ils sont devenus indispensables. Pourquoi donc ces actions chocs sont-elles encore nécessaires dans des sociétés où beaucoup considèrent l’égalité comme acquise ? La réponse est simple : dans l’hypocrisie ambiante, les inégalités entre les sexes sont traitées superficiellement, pour donner une satisfaction temporaire. Le dialogue sur la question est saturé, l’évocation même du sujet crispe. On nous écoute, parfois on nous comprend, mais on n’ose rien faire. Ces réactions sont compréhensibles : elles découlent d’une peur de remise en question de nos sociétés, une peur de l’inconnu en somme. Elles sont surtout la conséquence d’une mauvaise conception du féminisme comme volonté d’émasculer les hommes. Le féminisme n’a pas pour but d’enlever des droits aux hommes, seulement d’accorder les mêmes aux femmes. Il n’y a aucune conséquence négative, sauf si vous considérez que gagner plus est un mal, que voir plus vos enfants et pouvoir les élever grâce à un congé paternité est un mal, que permettre à votre conjoint d’avoir une carrière est un mal.

Non, être féministe, ce n’est pas détester les hommes. Non, ce n’est pas vouloir la supériorité des femmes sur les hommes dans un rapport de domination. Etre féministe, c’est seulement vouloir que les femmes accèdent enfin à l’intégralité des droits qui leur reviennent, qui leur sont dus en tant qu’humains, indépendamment de leur sexe.

 

Félicité de Parcevaux

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