« Un sujet bien vaste » dirait un professeur en début d’examen, « mais vous n’avez que 4 heures ». Quand la philosophie vous touche au plus profond de votre être ; car oui, être en retard est plus qu’un fait, c’est une posture à part entière. Un mode de vie qui n’est pas un choix unanime, certains résistent, on ne leur en voudra pas, on les envirait presque. Presque car ce sentiment, celui d’être dans les temps, cela fait bien longtemps qu’on ne le ressent plus. Et qu’en l’oubliant, on pourrait se méprendre. Le retard concerne toutes les strates de notre existence, de l’université à notre dernier date, pathétique. On voudrait réagir, faire quelque chose comme il se dit, changer la donne, reculer les pendules du monde entier parce qu’effectivement, cela devrait être au monde de se mettre à l’heure, plutôt qu’à nous, pauvres impuissants, de faire l’effort du réconfort.
Après cette introduction évasive, je tiens à dire que, moi, l’auteur de cette prose et petit L1, je prévoyais de revoir humblement la méthodologie de la dissertation. Une piètre citation en accroche, une présentation du sujet bâclée, je suis dans mes temps.
Définition : Dans le cas ici présent, le retard est celui de tous les jours, celui provoqué par exemple par l’incorruptible Netflix et ses perfides 15 petites secondes entre les épisodes, celui qui vous incite à faire du sport en courant derrière le bus, celui qui vous oblige à finir à pied.
Délimitation : Cet article n’abordera pas le retard mental, ni le retard technologique, ni même le retard civilisationnel. Ndlr : Si vous vous attendiez à aborder ces notions, désolé pas désolé, on continue, on n’a pas le temps.
Intérêt du sujet : L’intérêt de cet article est de déterminer s’il est possible ou non de guérir de ce virus qu’est le retard, d’en empêcher les symptômes, de même trouver un vaccin pour éviter ce fléau. On survit avec, il n’est pas mortel, si ce n’est dans sa forme la plus virulente. Mais on vivrait mieux sans… surtout notre entourage.
Plan : Ne perdez pas trop de temps à trouver un II) B), vous serez de toute façon à la bourre pour le rédiger.
Il est temps enfin de développer une réponse construite et cohérente. Mais comme notre existence à retardement, elle restera désordonnée et incomprise.
Une des théories prend l’exemple du bus ou autres moyens de transport en commun. Lorsque vous êtes en retard, le bus passe à l’heure et vous donne tort : jusque-là pas d’injustice. Mais quand vous êtes pile à l’heure, celui-ci va être en avance bien évidemment. Enfin, irrémédiablement, si vous êtes en avance, il passera bien en retard. Ceci est désespérant et nous invite à croire que ces notions de retard et de timing ne sont pas de notre ressort.
Combien de fois avons-nous entendu « ne t’inquiètes pas, on a le temps, on est large » ? Que faire face à ce phénomène qui se pointe dès que vous êtes en confiance ? Cette condescendance envers le temps provoque fatalement les conséquences contre lesquelles la personne qui s’inquiétait nous mettait en garde.
Finalement, cette tare finit par être acceptée, assimilée, intégrée à notre essence malgré nous, mais d’abord par les autres. Ces derniers prévoient alors ce retard dans l’heure du rendez-vous qu’ils vous proposent.
« Être à l’heure », est-ce une utopie ? A croire que nous passons notre vie à être le moins en retard possible. Comme chantait Jacques Brel, notre destin de pauvre retardataire se résume à « rêver un impossible rêve, et puis lutter toujours, sans questions ni repos, pour atteindre à s’en écarteler, pour atteindre l’inaccessible étoile »… de la ponctualité.
Baptiste Lavazais