Jeune réfugié afghan, Atifullah Safi se dit « amoureux de la paix ». Arrivé en France il y a trois ans, il mène une vie tranquille à Paris. Pendant la semaine, il travaille au supermarché G20 la journée et prend des cours de français le soir. Le weekend, il participe à des courses athlétiques. Grand amateur de foot, il pourrait parler du Barca pendant des heures et vous expliquerait que « contrairement à Ronaldo, Messi est plus discret ». Motivé par l’idée de reprendre un jour ses études de droit, il compte passer son B1 en juin prochain et continue à prendre des cours d’histoire et de français. L’histoire d’Atifullah est celle d’un homme qui veut vivre en paix et il nous l’a fait découvrir.
Pourquoi as-tu quitté l’Afghanistan ?
J’ai quitté l’Afghanistan à cause des talibans. Je n’ai pas vu mon frère pendant 3 ans parce qu’il était recherché par les talibans pour avoir acheté des armes, alors que ce n’était pas lui qui les avait achetées. Ils sont venus me demander où il était, mais je n’ai pas pu répondre. Ils m’ont gardé pendant 3 jours et m’ont tapé fort. J’ai même des cicatrices sur le visage. Après, j’ai préféré partir.
Quel a été ton parcours pour venir jusqu’en France ?
Quand je suis parti d’Afghanistan, je suis d’abord allé en Iran. J’ai marché pendant 5 jours puis j’ai pris des bus ou des voitures pour aller en Turquie. Je suis resté 3 jours en Turquie puis je suis allé en Bulgarie. Là bas, la police m’a pris et m’a renvoyé en Turquie, mais j’y suis retourné et j’ai pu franchir la frontière pour aller jusqu’en Serbie. Après être passé par la Hongrie, l’Autriche et la Serbie, je suis arrivé en Allemagne. Ici, j’ai payé pour qu’on me laisse aller en France et puis je suis directement venu ici. Au total, ça m’aura fait 2 mois de voyage.
Pourquoi la France ? Pourquoi Paris ?
Mon frère était déjà en France donc je suis venu le rejoindre. J’ai choisi Paris parce que c’est plus pratique, c’est là que les choses se passent.
Quelles ont été tes différentes prises en charge ?
Quand je suis arrivé en France, j’ai parlé à des gens puis je me suis adressé à l’OFRPA (Office français de protection des réfugiés et apatrides) en janvier 2015. C’était un peu difficile au début à cause de mon français, mais ils ont fait venir des traducteurs. Au bout de 2-3 mois que j’étais en France, j’ai demandé à rejoindre l’école Pierre Claver pour apprendre le français et j’ai pu l’intégrer. J’ai fini par avoir mes papiers et mon statut de réfugié officiel en novembre 2015, donc ça a pris 11 mois. Depuis, j’ai une assistante sociale qui est très gentille avec moi.
Quels étaient tes espoirs en partant ? Es-tu satisfait ?
En partant, tout ce que je voulais c’était la paix. Là-bas, je voyais souvent des bagarres et ici, j’ai oublié cela. C’est ce que la France représente pour moi. Je suis très satisfait d’être venu ici parce que la France m’a donné des papiers et m’a accueilli. La France est un pays gentil. La France me respecte et je respecte ses lois.
Que penses-tu du régime en Afghanistan ?
Je ne l’aime pas parce qu’il veut trop imposer ses lois. Les gens ne sont jamais d’accord entre eux. Au Parlement, tout le monde se bagarre. Mais en France aussi, je vois bien que les gens au Parlement se bagarrent aussi.
Comment as-tu vécu l’intervention des Etats-Unis en Afghanistan ?
C’est à cause d’eux tout ce qui s’est passé en Afghanistan. C’est eux qui ont donné les armes aux talibans. Les américains sont venus me voir un jour dans mon village en 2014 pour me demander où étaient les talibans mais je ne savais pas donc je n’ai pas pu leur dire. Je pense que tout ira mieux lorsque les Etats-Unis partiront pour toujours.
Est-ce que tu comptes retourner en Afghanistan ?
Non, je ne peux pas y retourner. Mais je suis bien en France. Je vois mon frère 2 à 3 fois par semaine. J’envoie des messages souvent à ma mère et ma petite sœur qui sont en Afghanistan. Je suis très content ici.
NB : Les réponses de Atifullah ont été corrigées pour que la lecture en soit plus fluide, mais ses propos restent inchangés.