(Nous rappelons que les opinions de nos contributeurs n’engagent qu’eux et ne lient en aucun cas la rédaction de la Pravd’Assas, ndlr)
Une réponse à été apportée à ce texte par une contre-tribune, disponible ici.
« L’assemblée générale a voté le blocage illimité » ; « On va continuer de bloquer jusqu’au retrait du projet de loi et on demande à la direction de mettre 10 sur 20 à tout le monde aux partiels ».
Voilà les quelques phrases ahurissantes que l’on a pu lire dans la journée. Certains étudiants ont donc décidé de bloquer une faculté, d’en suspendre les enseignements et de décider qui pouvait entrer ou non, tout en interdisant le maintien des enseignements.
Revenons tout d’abord aux causes. Voilà quelques semaines que la réforme prévoyant une sélection à l’université agite les milieux étudiants souvent plus à gauche qu’à droite. Certains étudiants ont donc décidé de se mobiliser, rejoignant des manifestations. Jusqu’à là, rien d’anormal. Chacun est libre d’exprimer ses convictions.
Là où cela devient problématique, c’est lorsque ces convictions viennent empiéter sur la liberté d’autrui. Comment peut-on désirer un accès à l’éducation pour tous tout en bloquant un lieu d’enseignement ?
Il n’existe pas de « grève » des étudiants. Dans un monde sensé, l’étudiant qui ne vient pas en cours ne fait pas grève puisqu’il ne produit pas de richesses ou de ressources à l’inverse du salarié. Il n’apporte que peu de plus-value à son établissement en comparaison de la plus-value de l’enseignant. L’élève qui s’absente sèche, tout simplement. Ils ne veulent pas d’éducation, ne veulent pas apprendre… tant pis pour eux ! Mais il ne faudra pas être surpris de la difficulté de l’insertion sur le marché du travail dans quelques années malgré un bac +5 obtenu en travaillant 1 semestre sur 2.
L’argument de l’assemblée générale ne tient pas. Tout d’abord, ce n’est pas l’étudiant qui fait la loi au sein de la faculté, c’est le corps administratif. L’étudiant suit ses cours, travaille, et essaye de valider son année. Enfin, il est difficilement compréhensible de vouloir donner un libre accès à l’éducation et faciliter l’insertion dans le monde du travail en demandant de dévaloriser le diplôme, l’obtention de celui-ci devenant automatique. Mais alors, quelle est la revendication du bloqueur ? Non à la sélection à l’entrée de l’université ? Non aux notes ? Non à la valorisation du travail ? Non au mérite ? Un monde plat, où chacun a accès à un diplôme de façon automatique ? On ne comprend plus vraiment.
Par quel pouvoir divin, des étudiants s’octroient le droit d’interdire d’apprendre, remplaçant les cours par des débats sur la lutte au Venezuela ou des prises de paroles « sans mecs cis ». Voilà donc la volonté de l’étudiant bloqueur ? Un monde aseptisé, sans débat, dominé par une idéologie discriminatoire et ultra gauchisante. Désireux d’être Karl Marx, l’étudiant bloqueur se mue en Tartuffe.
Enfin, tout n’est pas de leur faute. Les blocages étant préjudiciables aux étudiants sérieux, méritants, désireux d’apprendre, il est regrettable de ne pas voir intervenir les CRS ou l’armée pour rétablir l’ordre pourtant nécessaire et permettre une reprise des cours. L’éducation est un combat de tous les jours, et il faut savoir utiliser la force pour permettre d’apprendre à ceux qui le désirent.
Aujourd’hui, les étudiants étaient invités à manifester avec la CGT pour le maintien de certains services publics comme la SNCF. La convergence des luttes donc. Finalement on ne sait plus trop pourquoi l’étudiant se bat… Hier c’était contre la sélection à l’université, ce matin pour l’obtention automatique de la moyenne du fait des blocages, cet après-midi contre la privatisation de la SCNF… la lutte finale, peut-être ! Mais comme souvent celui qui est défavorisé et qu’on ne prend pas en compte, ce n’est pas le bloqueur, c’est l’étudiant travailleur, le vrai.
Raphaël Revah