Le printemps est revenu, et entre deux giboulées, il ne fait pas bon manifester. Et si on bloquait la fac ? Ailleurs ils le font et ils s’amusent bien. Bloquer la fac, l’idée est brillante, oui, mais comment faire ?
Suivez le guide !
POUR COMMENCER
Faire une AG. Une assemblée générale, c’est le lieu de libre-expression dans lequel chacun peut venir défendre le blocus.
Rassembler le quota d’occupant.e.s. Sachant qu’il faut être au moins 3 : un étudiant, un membre du personnel, précaire si possible, et un enseignant ; même un chargé de TD fera l’affaire.
Faire une barricade de tables. Et se jucher dessus pour prendre de nouvelles photos de profil.
Aller très vite. On bloque d’abord, on expliquera ensuite.
Expliquer, juste un peu. Alors le gouvernement, il est méchant et dans le rapport de force, tandis que nous, on est gentil et dans le rapport de force. Capisce ?
Inviter les copains. Les étudiants ayant tendance à vouloir aller en cours malgré le blocus, le moment est bien choisi pour faire venir des renforts extérieurs. On les fera loger sur place !
Être cagoulé. C’est quoi ton problème ? Tu veux qu’on se tape ?
Faire taire les voix discordantes. Sinon c’est plus possible, on s’entend plus débattre.
Faire front contre le fascisme. Si persistance des voix discordantes, frapper plus fort.
Rouspéter beaucoup, et très fort. De toute manière, vous êtes trop à droite pour comprendre que c’est pour votre bien.
Etre pacifiste. Les banderoles « un bon flic est un flic mort » sont là pour la déco.
Voter des trucs. Abolition de la grossophobie, à l’unanimité !
Avoir l’esprit de sacrifice. On bloque par solidarité avec les générations futures, mais on n’est pas contre un petit 10/20 siouplé.
GARANTIR LA SÉCURITÉ DES PERSONNES ET DES BIENS
Voler les ordinateurs de la BU. On collectivise, d’accord, mais premier arrivé premier servi.
Taguer les amphis. Pour se sentir comme à la maison.
Casser les machines à café. Le café c’est bourgeois.
Casser les distributeurs Selecta. Ne garder que les Twix gauche. Et la monnaie.
Casser les chiottes. Sans faire exprès. Blâmer les sionistes.
Organiser des dortoirs et des squats. Ce n’est pas la place qui manque, maintenant que les étudiants sont partis.
COMMUNIQUER
Ne pas avoir de porte-parole. Chacun représente tout le monde, ce sont les médias qui déforment nos propos.
Créer une page Facebook. Histoire de centraliser les informations.
Créer des pages Facebook. Organisation décentralisée oblige.
Utiliser l’écriture inclusive. C’est important pour montrer qu’on est de gauche, donc dans le camp des gentils.
Créer une commission slogans rigolos. Et produire « sélection = démon » après une semaine d’intense remue-méninge.
Ignorer les étudiants qui veulent avoir cours. Sales égoïstes.
Jouer sur les nuances. La fac n’est pas bloquée, elle est ouverte à tous les opposants à la loi Vidal. Nuance.
Prôner la convergence des luttes. Vegans, trans, cheminots, réfugiés, même combat ! Créer de nouvelles pages Facebook. Oublier de mentionner les étudiants.
Organiser la propagande interne. Cet aprèm c’est conférence sur les bienfaits du communisme, et après on parlera de l’oppression cisgenre. Sans cisgenres.
Créer des ateliers. Aujourd’hui c’est découverte des cocktails Molotov : au programme théorie, réalisation, art du lancer et enjeux démocratiques.
Attendre impatiemment les premiers débloqueurs. Milice fascisante, démocratie, heures les plus sombres. On connait la chanson.
Exiger la démission de Macron. Ma-cron, dé-mi-ssion ! Tous en chœur !
Dénoncer l’occupation des territoires palestiniens et appuyer les revendications kurdes. Et demander la démission de Trump. Songer à saisir l’ONU.
Ne rien lâcher. Cette fois-ci c’est la bonne !
Le plus dur dans l’histoire, c’est toujours d’obtenir une marque officielle d’intérêt. Le gouvernement nous ignore, ça va bientôt être les vacances et nous les étudiant.e.s mobilisé.e.s on aimerait partir l’esprit tranquille. Que fait la police, à la fin ?
GB.