De la révolte

‘Dans la révolte, l’homme se dépasse en autrui’
écrit Camus dans L’homme révolté.

À tous les jeunes engagés, enragés, mobilisés, qui se lèvent tous les matins avec une énergie inébranlable. N’arrêtez pas. Ne lâchez jamais.

Le sens de la révolte est un mouvement, une inclination qui n’a pas de sens politique dans un premier temps, mais qui réside tout entier dans une volonté aveugle de ‘changer les choses’, de redresser ce qui est tordu et de sauver ce qui est perdu. Ce mouvement se lève toujours contre l’indifférence, il se construit contre l’ennui collectif, c’est une indignation.

La révolte vient toujours de l’indignation.
Elle est le refus de toute condition humaine dégradée, affectée, malmenée. Elle est, de fait, intrinsèquement liée à la nature humaine, au destin collectif.

Cet ennui caractéristique est lié à l’époque. Les vivants, dans des mondes virtuels, ne vivent pas. Ils deviennent spectateurs. Il assistent à la mise à mort de la pensée et des hommes, avec un sourire narquois, presque satisfait. L’ennui est le contraire de la révolte. Il est aussi le plus grand danger. Le système dépassé par ses propres paradoxes, – l’homme n’est plus homme, il devient machine à produire. Et s’il devient machine à produire, il devient aussi machine à penser.

La révolution, elle, repose sur l’enthousiasme d’une foule, nombreuse et inébranlable, sûre de ses idéaux et éveillée. Une foule qui propose de s’élever, coûte que coûte, et de former une pensée créatrice, – créatrice parce que libre.
La liberté, ‘ce nom terrible écrit sur le char des orages’, repose dans la révolte.

‘J’ai compris qu’il ne suffisait pas de dénoncer l’injustice. Il fallait donner sa vie pour la combattre.’

L’homme libre comprend alors la portée et la force de l’engagement. Il passe du paraître au faire, de l’ennui à l’action, ‘du dandy au révolutionnaire’.

Des jeunes gens se lèvent. Ils s’érigent, en nombre, contre des valeurs qui n’en sont pas.
Ils se tiennent debout, veilleurs dans la nuit, pour garder la condition humaine. Il serait ridicule de parler de jeunes politisés puisqu’il ne s’agit presque pas de politique, – ou si peu. Il s’agit d’une force collective luttant pour les destins individuels.

Et quel soulagement. Dans la révolte, nous devenons enfin, tous, frères humains.

Agathe Cayuela

© Ayoub BENKARROUM Source: AFP

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