Roumanie : une présidence de l’UE inquiétante

Le 10 janvier 2019 lors de la cérémonie d’ouverture de la présidence roumaine du Conseil de l’Union européenne, Jean Claude Juncker, président de la Commission Européenne déclara: « Oui, l’Union européenne est faite de compromis, mais lorsqu’il s’agit des droits humains, lorsqu’il s’agit de l’Etat de droit, lorsqu’il s’agit du respect de la règle de droit, lorsqu’il s’agit de la lutte contre la corruption, il n’y a pas de compromis possible.(…)Tout au long de ces mois, la Commission – qui est l’amie de la Roumanie, dont certains dans ce pays semblent parfois douter – sera comme toujours à vos côtés. ».

Mais qu’est-ce que la Roumanie a pu bien faire (ou ne pas faire) pour provoquer l’agitation de Jean-Claude Juncker ?

 

La Roumanie va présider le Conseil de l’Union européenne pendant 6 mois

Entre Corruption et agenda de l’UE chargé, comment la Roumanie va-t-elle s’y prendre ?

En effet, la Roumanie est connue pour être l’un des pays les plus corrompus en Europe.

C’est un des seuls pays à présenter la règle des 4C… Si vous ne connaissez pas cette règle, celle-ci est très simple :  Corruption, Ceaușescu, Communisme et …. Corruption.

La Roumanie est corrompue dans le fond. C’est-à-dire au niveau politique mais aussi dans la vie quotidienne. Ainsi dans le domaine de la santé, on peut avoir à payer pour recevoir des soins dans un hôpital public. Une femme enceinte jusqu’aux os, si elle n’a pas payé un pot de vin, devra accoucher sur le trottoir !

De plus le chef du Parti social-démocrate Liviu Dragnea – considéré comme l’homme fort du pays – a déjà été condamné à la prison avec sursis pour fraude électorale et détournement de fonds. Rien que ça !

Enfin la Roumanie est en froid avec Bruxelles car il existe des critiques contre la réforme de la justice voulue par le parti social-démocrate, qui limiterait les pouvoirs du parquet anti-corruption.

Au final le mot d’ordre en Roumanie est la corruption à tous les niveaux. Si vous marquez synonyme de corruption sur internet vous tomberez sur des livres de Ionesco, des sculptures de Brancusi et des drapeaux Rouge Jaune bleu.

Pauvre Roumanie ! Même le Président Klaus Iohannis ne souhaite pas diriger l’UE.  En novembre 2018 il déclara de ne pas être « prêt pour un tel rôle ».

Pour ces six prochains mois, la Roumanie doit gérer l’approche des élections européennes, la négociation épique sur l’avenir du budget européen, la procédure de sanction contre Pologne et Hongrie qui ne respectent pas les droits de l’Homme et bouquet final le BREXIT (avec la montée des eurosceptiques).

La Roumanie, pays anciennement « europhile » doit faire régner l’ordre et l’État de droit en Europe.

Certaines critiques sont aussi émises en raison des nombreuses manifestations virulentes qui ont éclatés l’été dernier en Roumanie. Les citoyens luttaient contre cette même corruption. Ce fut la plus grande manifestation de l’histoire de la Roumanie moderne avec plus de 600 000 manifestants, dont 300 000 à Bucarest.

 

 

Est-ce que la France est plus légitime à présider l’UE que la Roumanie ?

Si on compare les manifestations de l’été dernier en Roumanie et celles en France avec les gilets jaunes, il y a de nombreuses similitudes : violences policières, violences de la part des manifestants et la preuve d’une population qui a du mal à se réconcilier avec ses dirigeants.

Ces décrédibilisations de la Roumanie ne sont peut-être qu’une stigmatisation envers ce pays et cela prouve le sentiment d’une population roumaine qui suffoque sous un gouvernement servant seulement ses intérêts.

De plus Jean Claude Juncker, en mettant une pression sur la Roumanie accroît le sentiment d’un pays de seconde zone en UE. Si la Roumanie réussit à mener cette présidence à bien, elle rentrera dans le camp pro-européen et cela ne pourra qu’améliorer son image.

La député européenne Eva Joly explique dans une interview avec ARTE le 5 décembre 2018 qu’il faut laisser la chance à la Roumanie de présider l’UE. Elle ajoute même : « La Roumanie succède à Malte qui assassine ses journalistes ».

Cependant, la Roumanie ne se laisse pas abattre. La première ministre, Viorica Dancila rassure la commission européenne. Lors de la cérémonie d’ouverture de la présidence roumaine à l’UE, Vicorica Dancila met en lumière la capacité de la Roumanie à assurer l’agenda européen ainsi que les valeurs de l’UE. Elle déclare : « Nous vous prouverons que la Roumanie mérite le respect de la communauté européenne et le statut de partenaire égal de la grande construction européenne « 

Comme le dit la devise de l’Union Européenne « Unis dans la diversité ». Même si la Roumanie est un pays controversé, elle fait partie de l’Union européenne, elle a donc le devoir et le droit de la présider.

 

Gabrielle Jacob

 

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