Assas dans les classements internationaux : Pourquoi sommes-nous si nuls ?

Cette étude se base sur les trois principaux classements internationaux d’université :

  1. Le fameux classement de Shanghai
  2. Le plus opaque, le QS ranking du cabinet Quacquarelli-Symonds, britannique
  3. Le Times Higher Education ranking, également anglais

I – ARWU Shanghai ranking

Notre chère Université n’y apparaît pas mais, rassurez-vous, Paris I non plus. L’Université n’a pas souhaité communiquer certaines données et dans plusieurs cas, celles-ci n’était simplement pas disponibles.

II – QS Ranking 2019

Classement mondial : 531ème sur 540

Classement en Droit : 51ème sur 100

La présentation de l’établissement qu’on trouve sur le site est la suivante : « Considered as France’s first law university, University Panthéon-Assas is dedicated to upholding the tradition from which it arose, preserving, yet ever striving to raise its level of excellence ». Rien que ça !

               A. Global ranking evolution

Classement1

La méthodologie de ce classement est la suivante :

  • Réputation académique : 40%
  • Réputation auprès des employeurs : 10%
  • Ratio enseignants/étudiants : 20%
  • Nombre de citations par enseignants : 20%
  • Ratio enseignants/étudiants étrangers : 10%

Les données sur Assas ne sont dévoilées que pour deux catégories. Concernant le ratio enseignants/étudiants, nous sommes à la 136ème place (sur 1070) tandis que pour le ratio enseignants/étudiants étrangers, nous descendons à la 459ème place (sur 1070).

                B. Law ranking evolution

Classement2

La méthodologie relative au classement en Droit diffère quelque peu. Il y a quatre critères que l’on voit ci dessus au niveau du graphique. Le poids de chaque critère n’est cependant pas communiqué.

  • La réputation académique résulte de questionnaires donnés à des professeurs du monde entier, filtrés par domaine d’expertise
  • La réputation auprès de l’employeur s’appuie sur un questionnaire où les employeurs principaux de chaque pays établissent une liste de trente institutions en lesquelles ils ont confiance, toujours en fonction de leur domaine d’étude.
  • « Citations per paper» et « H-index citations » mesurent le nombre de citations par publication et forment un indice de productivité et d’impact des publications (la recette n’est pas fournie par QS Ranking).

Respectivement, les notes dans la réputation académique placent Assas :

  • 30ème mondialement sur 301 institutions,
  • 291ème pour les citations d’articles et l’indice d’impact et productivité des publications,
  • 70ème pour la réputation des employeurs.

La partie liée à la recherche nous fait chuter dans le classement, mais c’est une remarque commune aux établissements français. Nos meilleurs classés sont Sciences Po et PSL (regroupement avec l’ENS & co) qui figurent à une maigre 158ème et 202ème place.

III – Times Higher Education ranking 2018

Classement européen : 201ème, toutes disciplines confondues

La plupart des résultats du Times Higher Education ranking s’appuient un questionnaire donné à un minimum de 60 étudiants par université. Chaque question se voit attribuer une réponse avec une note de 1 à 10. Le classement prend en compte toutes les institutions de plus de 3 000 étudiants.

Classement3

La rubrique Engagement (35% du total) se fait sur 5 critères :

  • Student engagement – fait référence à la capacité de l’université à favoriser l’esprit critique et à offrir des cours favorisant l’engagement intellectuel. Prend également en compte le degré d’encadrement pédagogique faisant le lien entre l’apprentissage des étudiants et le monde réel.
  • Student interaction – se fonde sur le degré d’interaction entre étudiants et professeurs et le degré d’ouverture de l’université aux opportunités d’apprentissage collaboratif.
  • Student recommandation – s’appuie sur la question suivante: if a friend or family member were considering going to university, based on your experience, how likely or unlikely are you to recommend your university to them ?
  • Links with labour marketles étudiants répondent sur la capacité de l’université pour connaître ou établir des liens avec le monde du travail.

Le domaine des Ressources (20% du total) se décompose en 3 éléments :

  • Staff to student ratio – calcul du ratio enseignants/étudiants
  • Papers to staff ratio calcul du ratio publications/enseigants
  • Quality of services – s’appuie un questionnaire adressé à des étudiants pour évaluer l’accès aux outils d’apprentissage et la qualité de l’environnement pédagogique.

Pour les Outcomes (20% du total), 3 facteurs sont pris en compte :

  • Academic reputation – se fonde sur un questionnaire où sont seulement pris en compte les votes d’enseignants.
  • Graduation rate – il s’agit du pourcentage d’étudiants qui obtiennent leur diplôme en 5 années d’études. C’est censé montrer le « soutien » de l’institution pour que les élèves finissent leur cursus. On ne sera donc pas étonné de retrouver une note si basse pour Assas.
  • Skills development – fondé sur la question du soutien de professeurs dans l’apprentissage des compétences utiles pour le monde du travail.

Enfin, pour le domaine Environment (25%  du total):

  • Gender balance of academic staff
  • Gender balance of students
  • Proportion of international students
  • Eramsus & student mobility – ce dernier mesure la proportion d’élèves ayant participés à des programmes d’échanges.

Classement4

Remarques:

  • La note de 23.0 en « ressources » place Assas 241ème sur 242. On remarque que dans les 10 derniers, on retrouve 6 universités françaises, dont Paris 1 qui est 236ème.  Il s’agit sans doute d’un problème structurel de nos universités, surtout en ce qui concerne la publication d’articles (rattachements des centres de recherches etc.). On rappelle que Paris 2 possède un ratio étudiantes/étudiants d’environ 55:45, ce qui est très honorable.
  • La note de 35.6 en « outcome » place Assas 173ème sur 242. C’est là aussi une mauvaise place principalement dû au fait que seulement 1 étudiant sur 5 inscrit en L1 aura un diplôme de licence au bout de 3 ans.
  • « Engagement » place Assas 160ème et « Environment » 203ème malgré les bons scores de 70 et 79,5 dans l’absolu. La moindre variation peut faire gagner des dizaines de places. Puisqu’il s’agit de réponses à des questionnaires donnés à des centaines d’étudiants (quel échantillon ?), il convient de s’interroger sur la représentativité des résultats.

A noter que les départements d’économie ou d’information et communication n’apparaissent dans aucun des classements.

IV – Conclusion

Au fond, je ne pense pas que l’on soit si nul. Il me semble que ces classements sont basés sur des conceptions particulières de ce que devrait être une université d’excellence. De nombreux établissements français sont à la traine dans certains critères, publications et recherches principalement. On peut l’expliquer par une lisibilité difficile des appartenances des centres de recherche à tel ou tel établissement et non par la médiocrité de nos enseignants-chercheurs.

Ces classements avantagent également les grosses structures ainsi que les disciplines scientifiques. Nos universités sont souvent reliées à un seul domaine d’étude. Les classements le montrent bien : il n y’a quasiment aucun établissement focalisé seulement sur les sciences humaines qui se classe bien alors que des petits établissements seulement centrés sur les sciences « dures » s’en sortent avec brio.

Enfin, l’utilisation de l’anglais semble procurer des avantages indéniables. Il suffit de voir les universités néerlandaises qui, en l’espace de 15 ans, avec l’utilisation intensive de l’anglais (dans les cours et les publications) ont su attirer de nombreux étrangers et faire une percée surprenante dans le haut des classements (toujours loin de toutes les universités Anglo-saxonnes).

 

Foulques Galloux

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