Depuis votre plus tendre rentrée en CP jusqu’à la semaine déterminante du baccalauréat, votre stylo quatre couleur a été votre plus fidèle compagnon (sauf le vert pour être honnête, on s’en est jamais trop servi). Vous avez développé à force d’expérience vos codes, votre méthode propre, vos moyens mnémotechniques bien à vous, et soudain catastrophe: vous êtes catapulté dans le monde des études supérieures. Le stylo y est obsolète et le cahier ringard. Pour vos camarades, aucun soucis. C’est plus pratique un ordi après tout non ? Pas pour vous. Vous êtes fidèle aux tâches d’encre et aux coupures de papier. Vous décidez de prendre vos cours à la main.
Puis septembre arrive et vous êtes noyé dans un océan de Macbook Pro, voir d’Asus pour les dissidents. La pression monte, voilà que vous faites tomber votre stylo et vous ne vous relevez que pour constater que vous avez un chapitre de retard, que vos feuilles volantes ne mentent pas, elles s’envolent, et que vous dérangez tout le monde avec votre cahier plus large que la table. C’est la panique, vous vous apprêtez à renoncer.
Il ne faut pas ! Rappelez vous de tous les avantages qu’on trouve aux cours manuscrits, soyez fiers et surtout soyez forts, vous le valez. Plus important encore vos fiches Bristol et vos feuilles à petits carreaux sans marge Clairefontaine le valent (ah oui ça coûte cher, faut se l’avouer). Alors un petit rappel des faits pour que vous soyez conforté dans votre choix.
Raison n°1 :
Vous retenez mieux vos cours et c’est une étude qui l’a dit donc c’est vrai. Pensez à vos tocards de voisins qui font le déplacement jusqu’en amphi pour noter machinalement chaque syllabe prononcée par le professeur émérite (et radotant) sans rien en retenir. Ils ont la trace écrite exacte du cours et ils en sont fiers. Très bien pour eux, vous savez qu’ils auront à le redécouvrir et corriger avant le partiel. Pas vous.
Raison n°2 :
Nos fameux professeurs lisent les mêmes études que nous et n’hésitent pas à le répéter: à la main c’est mieux. Ils annoncent ça au début du premier cours de l’année, tout le monde grogne parce qu’il est un peu lourd ce prof quand même. Vous bombez le torse pour la première fois de la journée. Grand moment de fierté pour vous.
Raison n°3 :
Similaire au point précédent, quelle satisfaction quand votre chargé de TD annonce que les ordinateurs sont interdits. Vous l’espériez secrètement depuis le début. Des regards perdus s’échangent entre vos camarades, le manuscrit a vaincu.
Raison n°4 :
Vous êtes libre de vous adonner au mindmapping et au spidergramming de tout genre. On retient mieux avec ça et c’est une étude qui l’a dit (je vous renvoie au point 1). Le jour où votre professeur se sent pousser des ailes et dessine un schéma sur le projecteur vous êtes ravis. Vous dégainez votre plus beau crayon à papier pour recopier avec application la figure au tableau. Dans le reste de l’hémicycle, on entend un soupir d’agacement contre les outils Word qui refusent de fonctionner. Et toc.
Raison n°5 :
Vous avez des jolis dessins en périphérie de vos cours. Eh oui, dans des moments de relâche vos camarades semblent soudain pris d’une irrésistible envie de gribouiller. Attention cet aspect est à double tranchant, si vous êtes ravi que Iris la pro du dessin réalise une de ses œuvres prisées dans un coin de vos feuilles, il vous faut également supporter les smileys clin d’œil, zizi/lapin/on sait pas trop et autres stickmans de la part de vos copains moins talentueux. Choisissez bien vos voisins.
Bonus: plus de batterie chez votre voisin et les prises ne marchent pas. Ça vous fait plaisir. Ce n’est pas bien de se réjouir du malheur des autres mais ça vous fait quand même très plaisir.
Alors tenez bon. On se fiche de ces jaloux qui nous demandent si votre sac n’est pas trop lourd, si vous n’avez pas mal au poignet ou encore si vous n’avez pas honte d’utiliser autant de papier. Greta Thunberg vous déteste peut-être mais vos profs vous aiment. Vous y gagnez finalement non ? Et le jour du partiel venu, vous n’aurez pas à paniquer en réalisant qu’il va falloir écrire et vite. Vous savez. Vous maîtrisez.
AN