Réponse au Figaro

Un diplomé du Collège de Droit a souhaité réagir dans nos colonnes à l’article intitulé « Le collège de droit d’Assas, filière d’excellence » publié dans Le Figaro le 12/11/19

 

Paris, le 13 novembre 2019

 

Madame, Monsieur,

 

Lecteur assidu de l’édition étudiante du Figaro, je prends aujourd’hui la plume pour vous témoigner de la surprise qu’a provoqué en moi la lecture de l’article de Christine Piédalu intitulé Le Collège de Droit d’Assas, filière d’excellence en date du 12 novembre dernier.

Étant moi-même fraîchement diplômé de cette formation, la description que vous en fournissez m’a conduit de découvertes en découvertes, provoquant progressivement en moi un ébahissement total.

Cela m’a pris dès votre sous-titre, affirmant sans ambages que « l’université parisienne sélectionne une centaine d’étudiants venant de toute la France ». Sans vouloir faire de mon expérience une généralité, mon équipe du Collège de Droit (composée d’une soixantaine de personnes) était forte d’environ deux étudiants provinciaux, dont moi-même (3%). Il est bon de savoir qu’il est possible de postuler « quelque soit [son] académie d’origine », mais il serait plus juste d’affirmer que cette « possibilité » relève plus de la potentialité symbolique. Cette proportion s’explique sans aucun doute et ma surprise en serait restée là si la suite du texte ne s’empressait pas de claironner que le Collège de Droit a « atteint son but ».

Vous m’en voyez absolument ravi. Apprendre que les « recruteurs » connaissent cette formation me rassure ainsi que tous mes camarades. Le fait qu’aucun d’entre nous n’aie jamais rencontré un professionnel ayant eu vent de ce diplôme relève donc de la pure malchance. Quant au « réseau d’anciens important », vous imaginez, à l’évidence, ma joie à l’annonce de son existence. Quel dommage toutefois de ne l’apprendre qu’à travers la presse, une fois ma scolarité révolue…

La description de ce parcours ainsi que de ses « atouts » a continué à me rassénérer sur l’expérience que mes camarades et moi-même en avons eu.  Peu importe que l’effort intellectuel à fournir au long du diplôme se résume à peau de chagrin si le programme est « exigeant » et met fin au « rythme de croisière » bien connu de la licence de Droit. Peu importe également que l’ambiance au sein du programme laisse souvent à désirer puisqu’un certain Stanislas nous affirme qu’il existe un vrai « esprit de promo ». Peu importe, enfin, que certains cours fournis soient rarement préparés ou d’un niveau médiocre, puisque le Collège de droit d’Assas est « une filière d’excellence ».

Vous l’avez compris, que votre article détaille l’existence de tout ce qui nous a manqué au long de cette formation suscite non seulement l’étonnement, mais également une certaine aigreur à l’idée que de futurs bacheliers puissent décider de leur orientation sur ce fondement. Si vous leur souhaitez de figurer parmi ces « heureux élus », qu’ils sachent à ce titre qu’ils risqueront alors de se retrouver dans Les Mots de Jean-Paul Sartre : « J’étais élu, marqué mais sans talent : tout viendrait de ma longue patience et de mes malheurs ».

 

En vous remerciant pour l’attention que vous voudrez bien porter à mon témoignage, veuillez recevoir, Madame, Monsieur, l’assurance de mes sentiments les meilleurs,

 

M.B.

Diplomé du Collège de Droit de Paris II, mention Très Bien

 

 

 


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