Lundi 16 mars 2019, le président Macron annonce le confinement de la France à partir du lendemain à midi. La panique monte, les voitures sont chargées, des messages angoissés s’échangent. Combien de temps cela va-t-il durer ? Avec qui ai-je envie d’être confinée ? Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire pendant les semaines à venir ?
Les éternels pessimistes sont les premiers à s’exprimer. Ils alimentent les tensions. Ils dénoncent les solutions trop tardives, mal appliquées du gouvernement. Ils posent un regard réprobateur sur les mauvais citoyens s’étant rendus dans les parcs dimanche, les bourgeois lâches qui fuient dans les campagnes, les troupeaux paniqués qui s’accumulent dans les gares. Ils s’improvisent sociologues, économistes, politiques pour pointer les catastrophes à venir. À les entendre, la fin du monde est proche, et elle va se vivre en intérieur.
Quelle tristesse de ne voir dans cette pandémie qu’une accumulation de crises à venir. Quelle étroitesse d’esprit de refuser d’en apercevoir les bienfaits. Le covid-19 est la solution, un cadeau envoyé pour relever une France trop sombre, trop divisée, celle-là même qui voudrait nous faire croire que tout est perdu.
Le confinement sauve des vies ! Il ne s’agit pas ici d’éviter des contaminations, mais de sauver nos enfants, petits-enfants. Le désastre écologique était inéluctable. Adieu banquise, forêts, ressource naturelles, condamnées à finir broyées par ce monde de consommation que nous avons forgé. Puis intervient ce petit miracle de la nature, nous forçant à nous replier dans nos foyers. Pas de sortie, pas de consommation. Pas de consommation, pas de production. Pas de production…pas de production. Le bilan écologique l’année 2020 se promet d’être des plus brillants. Mère nature reprend ses droits, sachons lui en être reconnaissants.
Finie cette vie de luxure. Avec une limitation de sortie nous redécouvrons les indispensables. Pourquoi ce besoin d’accumuler l’inutile? Ces dernières semaines ont bien montré que le français moyen n’a finalement pas besoin de grand chose : internet, pâtes et PQ. L’industrie capitaliste voulait nous faire croire que la vie réclame plus, après ces semaines de bonheur confinés, nous saurons ce que nous voulons.
Les familles se rapprochent ! Quelle mère ne rêve pas de pouvoir être en télétravail tout en demeurant proche de la chair de sa chair ? Quel père n’a jamais regretté de ne pouvoir partager la charge mentale de son aimée ? Quel ado n’a jamais souhaité pouvoir établir une réelle connexion avec ses proches, leur partager ses sentiments les plus torturés ? Le confinement nous pousse à faire ce que nous souhaitions au plus profond depuis si longtemps. À noter également qu’il offre à de nombreux jeunes couples l’occasion de vivre leur amour sans barrières, répit ou intimité. N’a-t-on jamais désiré autre chose que d’être aux côtés de sa tendre moitié ? Les registres de l’état civil seront remplis dans 9 mois de nouveaux arrivants, avec ou sans leurs deux parents, nés de l’amour et de la tendresse, pour compenser les pertes malheureuses des semaines à venir. Que la nature est bien faite.
Notre confinement nous offre un luxe infini : l’ennui. Quelle chance nous avons de pouvoir profiter de nos vies en intérieur pour développer nos talents cachés, faire preuve d’une imagination débordante pour alimenter les journées de chacun. Déjà, nous voyons fleurir une fantaisie de vidéos, dessins, mêmes à partager ou à imiter. Libre à nous de terminer nos projets trop nombreux, trop souvent repoussés. D’apprendre à jouer du violon pour le plaisir de nos proches, de ranger, trier, faire le ménage. De finalement s’attaquer aux livres et films que nous souhaitions dévorer. Quelle est votre excuse maintenant pour n’avoir jamais terminé Ulysse de James Joyce ? Le temps est à vous. Humour et bonne humeur sont le ton des semaines à venir, l’ignorer serait faire preuve de mauvaise volonté.
Le covid-19 remet de l’ordre dans cette société décadente dans laquelle nous vivions. Se laver les mains, ne pas coller ses voisins, ne pas tousser à la face de tout un chacun, ne s’agit il pas là de règles de bases que nous devrions en tout temps appliquer ? Le fait de ne pas pouvoir serrer ses grands-parents dans ses bras peut-il vraiment être opposé au savoir-vivre le plus basique ? Remercions le virus de nous rappeler les comportements civilisés appropriés. Le contact humain peut être très facilement limité, un kama sutra spécial corona à été mis à disposition pour ceux qui en douteraient. Il ne s’agit pas simplement de sauver des vies, mais de vivre correctement en société.
Accessoirement, le confinement nous sauve d’un ennemi bien plus dangereux, trop souvent oublié. Le pollen. Le pollen est partout. En ce milieu de mois de mars, il s’étend, il grandit, il gagne en force. Il annonce l’arrivée des abeilles, des bourdons, des moustiques et des fleurs, de ces salopes de fleurs. Grâce au confinement nous sommes protégés.
Nous ne participerons pas à cette vision sombre de l’avenir, nous refusons de voir le verre à moitié vide, de pleurer sur les crises à venir. Nous remercions le pangolin pour ce qu’il nous a offert, une solution idéale à tous nos problèmes. Merci pangolin, merci Corona.
Adèle N.