Comment la discrimination positive détruit-elle la méritocratie ?

« Ne pas nous remettre en question, laisser s’imposer le climat de pauvreté intellectuelle et spirituelle qui naît de notre passivité, ce serait devenir coupables ou complices de ce crime contre notre propre humanité ». 

L’ère du progrès s’immisce dans une société dénuée de tout cartésianisme. Les disciples d’Héraclite ont pris le pouvoir, imposant le règne du flux et du mouvement sans destination. Avec eux, l’idée de la discrimination positive est devenue un idéal, devenu fléau d’une génération prosaïque.

Alors que Samuel Huntington prédisait le choc des cultures, reflet d’un malaise post Guerre Froide entre l’Occident et l’Orient, François-Xavier Bellamy « craint (quant à lui) le choc des incultures ». Protagoniste éminente de ce conflit imagé, la discrimination positive a déjà quelques longueurs d’avance pour la victoire finale.

Défini comme un traitement préférentiel volontairement accordé aux membres d’une minorité traditionnellement désavantagée afin de compenser les désavantages associés à cette appartenance, la discrimination positive intervient à plusieurs échelles. Le sujet s’intéresse ici exclusivement à l’impact éducatif et culturel.

Aveuglement naïf, obscurantisme français, la discrimination positive séduit la bien-pensance d’une société soumise au règne du nivellement par le bas. « L’ascenseur social est en panne », belle disquette rabâchée par une élite inconsciente.

Mais la discrimination positive est-elle une solution ?

Rétablir l’égalité des chances est une nécessité dont les jalons originels trouvent leur source dans les travaux de John Rawls. Novateur, pionnier, les mots ne manquent pas pour décrire l’oeuvre de John Rawls en matière de politiques publiques. Selon lui, la discrimination est acceptable si elle est réalisée dans un but général de recherche de l’égalité. Le constat est sans appel, les méthodes employées n’ont pas aboli les frontières de l’inégalité. Plutôt que d’endiguer le fléau, ces méthodes l’ont limité tout en provoquant d’autres inégalités. 

Dans Théorie de la Justice, Rawls rappelait que les inégalités sont justifiées lorsqu’elles permettent d’améliorer la situation des plus désavantagés. Ainsi, il justifiait par là les aides accordées aux plus pauvres mais aussi les écarts de salaires : « une personne talentueuse aura […] droit légitimement aux revenus plus élevés que lui vaut son talent si la collectivité en profite aussi ».

En appliquant ce schéma au système éducatif, le bilan est désastreux. A force de confondre égalité et égalitarisme, on néantise les talents au profit des discriminés.

Le cercle vicieux de l’assistanat s’amorce progressivement, fixant les rouages de la dévalorisation. On aide, on assiste, on infantilise. Au nom de théories sociologiques, le niveau scolaire s’affaiblit et sonne le glas de l’érudition intellectuelle. 

La culture est aujourd’hui consumée, réduisant en cendres les prémices de notre construction et l’essence même de notre Histoire. Au nom de la discrimination positive, on brise, on néantise, on assassine, on porte le coup de grâce aux archives. Pire encore, on crée des victimes de la société. 

La France qui s’est inspirée du système américain d’affirmative action connaîtra le même échec. La discrimination en matière d’éducation dévalorise les diplômes obtenus et remet en cause les capacités des bénéficiaires. Mathieu Laine rapporte en 1980 dans son livre La grande nurserie, l’exemple de Stefen L. Parker. Ce dernier est étudiant en droit et postule à Harvard. Il n’est pas accepté mais reçoit une lettre disant « Nous ne savions pas que vous étiez noir et nous serions en réalité ravis de vous recevoir parmi nous ». Pour Laine, « le soupçon est l’odieux corollaire des politiques de discrimination positive »

En réalité, ce système est le symbole d’une hypocrisie profonde et d’une confusion entre égalité et égalitarisme. Tandis que la stricte égalité des citoyens s’éteint progressivement, la stigmatisation des bénéficiaires continue, les plaçant dans une trappe d’assistance et les rendant plus vulnérables. 

Cerise sur le gâteau, les chiffres parlent d’eux-mêmes. On peut continuer dans cette voie, les écarts continuent de croître dans certaines grandes écoles qui n’ont pas cédé à la pression. Ainsi, durant les années 2010, 9% des enfants des classes populaires se retrouvent dans les quatre grandes écoles, Polytechnique, ENA, ENS, HEC, contre 30% qui l’étaient durant les années 1950, cherchez l’erreur.

En définitive, s’il est urgent de pallier aux inégalités de la société, c’est la racine qu’il faut creuser. Un meilleur accès à la culture, des livres à prix réduits, des préparations aux concours à titre gracieux, etc. Les solutions ne manquent pas ! Mais non, on préfère créer des dysfonctionnements sociaux.

Les lettrés se meurent, on préfère un profil, un clone, un discriminé et les rouages du conformisme l’emportent.  

 

Roméo

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