De l’alarmante vulgarisation du langage et de la perte du vocabulaire


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Antoine Meaudre est Toulonnais et si vous passez plus de 5 minutes à parler avec lui vous le saurez forcement, il ne jure que par le rugby, amoureux du RCToulon, de la Provence, de littérature et de chanson française. En L2 cette année il peine pour trouver le temps de travailler entre deux siestes.


« La maladie égalitaire est la conséquence du pire défaut français : l’envie, c’est le moteur de toutes les révolutions, sanglantes ou non, elle exige qu’on aligne tout sur le bas. On a commencé par couper les têtes, on a continué en rasant les fortunes, on en est maintenant à décapiter le langage. » Maurice Druon

« Ferme ta gueule grosse pute ! ». Pardon ? Je suis dans un parc avec Camille un petit garçon de 6 ans que je garde pour l’après-midi, quand j’entends ces mots. Je tourne la tête pour savoir qui est la personne qui les utilise devant une population allant de 3 à 12 ans. « Mais ta gueule toi ! », ah quelqu’un lui a répondu ce qui me permet d’identifier au milieu d’une foule de bambins, deux petites filles de 10 ans tout au plus se crêpant allégrement le chignon. Cela me replonge dans un souvenir où un garçon de 10 ans disait à sa petite sœur âgée de 6 ans : « Ta gueule ou je te fais boire ta pisse. ». Le contexte était bien différent et c’est justement cela qui choque. La première fois c’était à la Beaucaire, cité Toulonnaise, pendant une séance d’aide aux devoirs pour enfants défavorisés ; la seconde en plein cœur du 15ème arrondissement entouré des logements militaires qui forment dans le quartier allant de La Motte-Piquet à Dupleix. Le lieu et le contexte sont différents, mais le problème de fond est le même : la vulgarisation des enfants dès le plus jeune âge et de manière plus générale un problème de vocabulaire.

Parce que oui je pense que notre société française est atteinte d’un réel problème de vocabulaire, une vulgarisation de la langue de Molière, les Français ne connaissent plus la langue qu’ils parlent pourtant tous les jours. Aujourd’hui un lycéen s’il maîtrise plus de 3700 mots de vocabulaire, n’en utilise que 1000. La plupart des français utiliseraient 5000 mots, mais l’essentiel se dit en quelques 600 mots. Ces quelques 600 mots représenteraient 90% de n’importe quel texte français. A l’époque de la rapidité, de la 4G, de la connectivité ou encore du hashtag plus personne ne prend le temps de bien dire et écrire les choses. Les centaines d’émoticônes sur nos téléphones rendent les conversations pauvres et simplistes, où les « d’accord » ont été remplacé par des « dac » ou des « ok » dans un premier temps et par des « J » dans un second.

Les jeunes ne lisent plus, à l’école ils sont invités à tout découvrir par eux-mêmes, ils étudient des passages de livres, trouvent des résumés sur cette mine d’or qu’est internet et ne se donnent plus la peine d’ouvrir un livre pour les cours et encore moins pour le plaisir.

« La télévision, pour sa part, est responsable de la perte de la « politesse de la langue ». Les émissions dites « de société » sont la plupart du temps des bouillies de paroles où l’on touille ensemble la vulgarité, le pédantisme, les énormités grammaticales, les formulations inachevées, les faux-sens, les liaisons malheureuses et l’obscénité. Et c’est là ce qu’on a osé appeler l’école parallèle ! ». Maurice Druon, immortel, exprime avec justesse une vérité écrasante et triste. En effet les émissions de télé-réalité ou encore sur l’actualité télévisuelle sont des actrices importantes de la vulgarisation, emmenant avec elle des réflexions pauvres et une normalisation de l’humiliation et de la débilité. Assurément que des émissions stupides passent tous les jours sur le petit écran c’est une chose, mais que chaque jour des personnes les commentant réunissent des milliers d’auditeurs en est une autre, et c’est cela qui montre la capacité d’abrutissement de la télévision.

Une langue sert aux hommes à penser autant qu’à communiquer. Un homme qui connaît bien le français dispose de nombreux concepts dans tous les domaines, de la vie courante à la philosophie en passant par l’histoire ou encore la science. Il peut alors réfléchir avec rigueur lorsque c’est nécessaire, s’exprimer avec diplomatie lorsque c’est prudent, ou avec poésie lorsqu’il aime. Inversement, celui qui a un vocabulaire restreint a une pensée appauvrie et peu nuancée. Il peine à s’exprimer et en souffre. Il comprend mal le monde complexe où il vit. Rejeté et regardé de haut par ceux qui s’expriment bien, il les rejette à son tour et s’enferme dans une « culture » bien à lui, qu’il ne partage qu’avec un petit groupe d’autres exclus. Là encore Maurice Druon commenté par Daniel Martin exprime avec urgence l’importance d’un vocabulaire compris et maîtrisé dans une société qui s’aime et qui veut se faire grandir.

Pour défendre notre « exception culturelle » contre la pauvreté du langage et l’envahisseur Anglais, commençons donc par aimer, respecter et pratiquer notre propre langue. Notre pensée y gagnera, notre communication aussi. Ainsi notre cohésion nationale en sortira renforcée.


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