Une entrée fracassante dans les charts, un accueil unanime de la critique comme du public, un album qui provoquera une ascension fulgurante pour son auteur, Back to Black est aujourd’hui une référence qui concurrence les plus grands albums de l’histoire de la musique. Dix ans après sa sortie, retour sur un monument.
Le 27 octobre 2006, le public découvre le second opus d’une des chanteuses les plus prometteuses de sa génération : Amy Winehouse. L’album rencontre un succès instantané, et du jour au lendemain, tout le monde s’arrache la jeune prodige.
Back to Black sort 3 ans ans après Frank, le premier album d’Amy. Frank était essentiellement influencé par le jazz, la soul, et le rythm and blues. Si on se souvient finalement peu de cet album, il avait pourtant reçu de très bonnes critiques, et son succès commercial fut indéniable avec une 13ème place des charts britanniques en janvier 2004. La faute sûrement au fait que Frank avait l’un des défauts du jazz : un certain coté élitiste. Frank est un album hors de son temps, à l’heure où la pop imposait déjà son hégémonie depuis plusieurs décennies. Ses accords complexes ou ses structures parfois lourdes n’en font pas forcément une musique facile à écouter.
Avec Back to Black, produit par Salaam Remi (producteur de Frank), mais surtout Mark Ronson, Amy change de style. Exit le jazz, elle se tourne vers une musique se rapprochant d’avantage des girl groups des années 50 comme les Fontanes Sisters ou les Chordettes. On retrouve ainsi une parfaite fusion de soul et de pop. Acclamé 3 ans plus tôt par la critique pour un premier album solo très réussi, sur lequel on retrouve des artistes comme Ghostface Killah, Rivers Cuomo, ou Jack White, Mark Ronson impose sa patte et fait de Back to Black une véritable machine à tube. Rehab, Back to Black, You Know I’m No Good, Love Is a Losing Game, les ventes décollent, les critiques s’inclinent et Amy Winehouse devient la nouvelle diva de la soul.
Au-delà de la production, Amy Winehouse est sur cet album au sommet de son art. Une voix puissante, grave, très atypique. Peut-on comparer sa voix avec les plus grandes chanteuses de jazz et de soul ? Billie Holiday, Ella Fitzgerald, Sarah Vaughan ? Certainement pas. Sa voix est unique et inimitable. Mais son talent de s’arrête pas à son timbre. Amy Winehouse, auteur de l’intégralité des textes de Back to Black, démontre également ses capacités de parolière. Des textes durs, bouleversants, inspirés de sa propre vie, qui nous permettent de comprendre un peu mieux l’artiste. Ils pourront également permettre de casser la fausse image véhiculée par les médias, de talent à l’état brut ayant gâché une grande carrière simplement à cause de caprices liés à la drogue.
Par sa production et son interprétation, Back to Black aura redéfini un nouveau genre, mélange de soul et de pop, dont les héritières seront Adele, Selah Suh, Lana Del Ray ou Emily Sandé. Ces artistes doivent beaucoup à cet album qui a réellement entraîné une mode des chanteuses aux voix puissantes et atypiques. D’ailleurs, cette mode passée, à part Adele, rares sont les chanteurs dans ce style à réussir à s’imposer dans la durée.
Le succès de Back to Black repose ainsi sur des bases solides qui font de lui un très grand album. Il s’en est vendu plus 20 millions de copies, ce qui en fait l’un des plus grands succès du XXIème siècle. Mais au-delà du succès commercial, c’est surtout la qualité artistique qui fait que cet album est si reconnu. On assiste à une véritable synergie entre deux artistes à leur apogée. Et 10 ans après, le résultat est toujours aussi impressionnant.