Assassien, diplomé de droit public, ancien élève du Professeur Gohin et… avocat des ultras du Paris Saint Germain, la Pravd’A est allée s’entretenir avec Maitre Pierre Barthélémy du cabinet Jones Day pour parler droit et ultras parisiens.
Sa mission est simple, il travaille avec l’Association de Défense et d’Assistance Juridique des Intérêts des Supporters (ADAJIS) et d’autres associations « essentiellement sur le refus d’accès au stade, l’annulation de la vente de billets et les arrêtés d’interdictions de déplacements ». Depuis peu, il s’emploie à aider à trouver un cadre au retour des Ultras au Parc des Princes.
Le supporter et l’Ultra
Qu’est-ce que le supporter ? Voilà une notion difficile, même si Maitre Barthélémy nous explique que se dégage une jurisprudence qui tend à définir le supporter comme celui « qui se prévaut de la qualité de supporter », car il n’existe aucun texte en droit positif qui explique précisément cette notion.
L’Ultra quant à lui « est organisé, il suit son équipe ». D’ailleurs, en bon reporter que nous sommes, la Pravd’A est également allée interviewer Antoine (le prénom a été changé) qui se définit lui-même comme Ultra et qui a pu nous expliquer que le PSG, c’est sa « religion » et que ce qui compte ce n’est pas le match ou son contenu. Pour lui, les vrais ultras « s’en foutent du foot, ce qui compte c’est faire du bruit, chanter durant tout le match ».
Le plan Leproux et la dissolution des groupes de supporter
Maitre Barthélémy nous explique aussi avec force, détails, les causes de la situation actuelle : le plan Leproux. « Justifié » au regard des incidents qui s’étaient déroulés, et qui avaient conduit à un mort aux abords du stade lors le 18 mai 2010 à la suite d’un match du PSG. La décision est radicale, il faut faire le ménage « dans l’urgence ». Sont prises alors des mesures drastiques : fin des abonnements en virage, interdiction des associations de supporter, placement aléatoire.
Ce plan dont la « légalité est contestable mais pas contestée », devait être un plan de transition, il est vite devenu définitif.
L’état du droit positif
Mais alors, comment lutter contre les interdictions de déplacement ou de vente ? Les recours se déroulent devant le tribunal administratif ou le Conseil d’Etat. Maitre Barthélémy nous fait noter que sur les interdictions de stade c’est « 100% de victoires, sur la création d’un fichier par les pouvoirs publics, sur les refus de ventes ».
Les conséquences pour le club peuvent être financières avec des préjudices à la fois matériels (prix de l’abonnement, du déplacement) et moraux subis par le supporter interdit de stade.
Le préfet et le club étaient donc dans l’illégalité la plus complète sans doute dans le but « d’écarter par tous moyens ces personnes du stade sans évaluer leur dangerosité »
Ce n’est pas tout, le 10 mai 2016, une loi sur le « renforcement de la lutte contre le hooliganisme » a été votée. Elle permet de créer un fichier pour interdire la vente de billets mais permet aussi d’ouvrir le dialogue avec le support. Elle crée « un référent supporter qui ne dépend ni des tribunes, ni de la sécurité du club » mais sert de médiateur.
Un dialogue renoué
Depuis PSG-Bordeaux, sans doute avez-vous remarqué le retour des Ultras au Parc des Princes sous la forme du CUP (Collectif Ultra Paris).
« Les barrières sont tombées » nous confie Maitre Barthélémy, lui-même présent au stade pendant ce match. C’est cependant un travail de long terme qui s’engage afin de « rassurer l’ensemble des partis ».
Le règlement intérieur du PSG interdisant de se lever pendant le match est d’ailleurs à changer.
Le dialogue renoué est une bonne nouvelle pour l’ambiance au stade, les joueurs et les supporters, Maitre Barthélémy attend de son côté un « cadre plus naturel » dès la saison prochaine, mais confesse qu’un retour à l’ancien modèle qui a « montré ses limites » n’est pas envisageable.
En attendant le retour complet des Ultras… PARIS EST MAGIQUE !
Propos recueillis en novembre 2016
Raphael Revah
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